Ce portrait contemporain de l’Impératrice Marie-Louise est un exemple parfait d’un portrait officiel. Le cadre, d’origine, est décoré d’abeilles, présentes traditionnellement pour ce genre de commande. L’œuvre de Lefèvre reçut très certainement l’approbation impériale, car deux copies, avec de légères variantes, furent commandées. L’une fut achetée par Chaumet en 1975 et la seconde, plus grande (mesurant 285 cm sur 210 cm) et de réalisation plus tardive (1814) est actuellement conservée au musée du Château de Versailles.
Ce tableau apporte un témoignage « visuel » important sur les bijoux de l’Impératrice Marie-Louise, et plus particulièrement sur les parures qu’elle reçut en cadeau à l’occasion de son mariage. Ce portrait nous montre ici l’Impératrice portant certains des diamants parmi les plus fins, appartenant à la Couronne française.
L’Impératrice Marie-Louise est coiffée du diadème et du peigne qui, avec les boucles d’oreilles et la ceinture, constituent la grande parure de diamants créée par le joaillier François-Regnault Nitot en 1810, pour un coût de 3 779 613,92 francs. 52 pierres précieuses proviennent du Trésor français, les autres gemmes de l’atelier de l’orfèvre. Nitot utilisa parmi les plus beaux diamants de la Couronne : au centre du diadème (de style néoclassique inspiré de l’Antiquité) figure le diamant Fleur-de-Pêcher, une pierre ovale de 25,82 carats, et le diamant dit le Huitième Mazarin ; à gauche et à droite sont respectivement placés le Grand-Mazarin et le Diamant du Roi de Sardaigne. Les 1 514 pierres du diadème pèsent 830 carats (1 carat équivaut à un cinquième de gramme) pour une valeur de 988 319,06 francs.
Les boucles d’oreilles « girandole » rencontraient alors un grand succès sous l’Empire, mettant en valeur les coiffures aux cheveux relevés dont quelques boucles s’échappent, clairement inspirées du style classique. Les deux diamants centraux, en forme de poire, provenaient du Trésor, les autres éléments de chez Nitot, et l’ensemble constitué de 56 pierres était évalué à 218 606,75 francs.
Le collier, encadré par la collerette en dentelles de la robe, fut donné par Napoléon à son épouse lors de la naissance du Roi de Rome en 1811 ; ce bijou étant sa propriété en propre, elle continua à le porter alors qu’elle était devenue duchesse de Parme. Les 234 gemmes pèsent 263 carats pour une valeur de 376 275 francs. Ce collier (presque dans son état d’origine puisque deux brillants ont été retirés depuis sa création), est conservé aujourd’hui à la Smithsonian Institution de Washington, après un don en 1962 de Marjorie Merriweather Post. De récentes analyses scientifiques ont confirmé la qualité exceptionnelle des diamants, mais il demeure impossible à ce jour d’en définir l’origine, la région de Golconda en Inde, le Brésil…
Suivant la mode en vigueur sous l’Empire, la traîne est retenue par une ceinture portée juste sous la poitrine et non au niveau des épaules. La ceinture est sertie de pierres issues d’une autre ceinture appartenant à l’Impératrice Joséphine, notamment les Mazarins XVII et XVIII, de la collection nationale. Les 73 diamants de cette ceinture sont estimés à 385 752,50 francs. Les pierres furent utilisées en 1812 pour la réalisation d’un baudrier destiné à Napoléon Ier.
La robe blanche que porte l’Impératrice a été faite par le couturier Le Roy. Les broderies d’argent délicatement stylisées apportent un relief lumineux, donnant l’impression de pouvoir toucher le tissu.
Francesca Sandrini, directeur du Museo Glauco Lombardi,
édité et traduit par P. Hicks et I. Delage
mai 2011
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Complément Bibliographique
GAILLOU Eloïse, POST Jeffrey E., “An Examination of the Napoleon Diamond Necklace”, in Gems & Gemology, vol. 43, n. 4, Winter 2007, p. 352-357
HUREL Roselyne, SCARISBRICK Diana, Chaumet, Paris, deux siècles de création, catalogue de l’exposition, Musée Carnavalet, Paris 1998, p. 32-33
MOREL Bernard, Les Joyaux de la Couronne de France, Belgique, 1988, p. 269-272 et 286