Présentation du portrait
Élisa Baciocchi, née Bonaparte, est l’aînée des trois sœurs de Napoléon devenues princesses impériales après le sacre de leur frère. Née en 1777 à Ajaccio, elle épouse en 1797 un officier de l’armée, Félix Baciocchi. En 1805, elle devient princesse de Piombino et de Lucques, puis grande-duchesse de Toscane en 1809. Son arrivée attire dans la région un nombre croissant de Français, qui se mêlent aux Italiens pour former, autour de la souveraine, une cour à l’image de celle des Tuileries. C’est vers 1812 que Joseph Franque se rend à la cour de Florence et qu’il peint probablement les deux portraits en pendant d’Élisa et Félix.
Sur fond de tissu ocre, la jeune femme est représentée en buste ; elle porte un corsage bleu nuit brodé d’or orné d’une collerette de gaze, et un châle couleur pourpre à liseré fleuri. Coiffée d’un imposant diadème serti de diamants, de pierres précieuses et de camées, elle tient un calepin dans la main gauche.
Joseph Franque peint un portrait au naturel, d’une Élisa moins jolie que sa sœur Pauline, dont la beauté est réputée dans tout l’Empire. Il fixe l’image d’une princesse dont l’action politique (réforme du clergé, des institutions de bienfaisance) s’ajoute au rayonnement culturel. Amie des artistes, elle soutient l’académie des marbres de Carrare, y fonde une « banque élisienne » et une académie, dirigée par le sculpteur Lorenzo Bartolini, où Franque devient professeur de dessin en 1813. À la chute du Grand-Duché, il se rend à Naples où il se met au service de Caroline Bonaparte, épouse de Joachim Murat.
En mars 1814, Élisa est contrainte à l’exil, séjourne en France, en Italie (Bologne) et en Autriche (Gratz, avec son frère Jérôme), avant d’être autorisée à vivre à Bologne. Conséquence du retour de l’île d’Elbe de son frère en mars 1815, elle est assignée à résidence en Autriche jusqu’en mars 1816, avant de pouvoir s’installer à Trieste. Élisa y meurt en 1820 à l’âge de 43 ans.
Joseph Franque (1774-1833) était le frère jumeau de Jean-Pierre Franque (1774-1860), également peintre reconnu au début du XIXe siècle (Allégorie sur l’état de la France avant le retour d’Egypte). Tous les deux furent élèves de David.
Gabrielle de Roincé
Conservateur de la Bibliothèque Paul Marmottan
octobre 2013
Ce portrait a été présenté dans l’exposition « Les soeurs de Napoléon. Trois destins italiens« , au musée Marmottan-Monet, du 3 octobre 2013 au 26 janvier 2014.