Pays : France
Technique : Couleurs
Durée : 165′
Copie VHS : UGC / Film Office – 1997
Production : CFPI / Lyre / Galatea / Alexandre Salkind
Scénario : Abel Gance et Roger Richebé
Dialogues : Abel Gance et Roger Richebé
Musique : Jean Ledrut
Directeur de la photographie : Henri Alekan assisté de Roger Foster et Raymond Voinquel
Résumé : Au lendemain de la signature du traité de paix avec l’Angleterre «qui ferme à jamais le temple de la Guerre», Bonaparte entrevoit déjà quel sera son destin : l’Empire. Les événements vont se succéder, les complots se multiplier pour lui permettre de justifier ses actions politiques. Son Sacre sera sa première conquête civile. Mais Austerlitz sa véritable gloire militaire.
Interprétation : Pierre Mondy (Napoléon) ; Martine Carol (Joséphine) ; Claudia Cardinale (Pauline) ; Jean Mercure (Talleyrand) ; Jean Marais (Carnot) ; Orson Welles (Fulton) ; Michel Simon (Alboise) ; Vittorio de Sica (Pie VII) ; Jack Palance (Général Weirother) ; Leslie Caron (Mademoiselle de Vaudey) ; Jean-Louis Trintignant (Ségur) ; Georges Marchal (Lannes) ; Anna-Maria Ferrero ; Jean-Marc Bory ; Elvire Popesco ; Jacques Castelot ; Nelly Kaplan ; Ettore Manni
Extrait : « Napoléon. – Ah, mon cher Carnot. Je suis content de vous voir. Pourquoi restez-vous dans l’opposition ? Ne suis-je pas aussi républicain que vous ?
Carnot. – Je crains que ce ne soit plus pour longtemps.
Napoléon. – Un homme d’État qui gouverne, cela ne s’était pas vu depuis 89. Gouverner la France après douze années d’événements aussi extraordinaires n’est pas chose facile.
Carnot. – Certes, mais vous êtes resté militaire mon ami et c’est là votre excuse. Et confondre gouverner et commander…
Napoléon. – Oubliez-vous Carnot que je viens d’apporter la paix sur la Terre, obtenu des Anglais la liberté des mers, sauvé ainsi l’industrie française, signé l’amnistie de 140.000 émigrés, créé le Code civil ? Vous oubliez tout cela ?
Carnot. – Non, mais je n’oublie pas davantage que c’est grâce à la Révolution que vous êtes là.
Napoléon. – La République cherchait un chef.
Carnot. – Militaire ?
Napoléon. – Militaire, oui. Elle l’a trouvé.
Carnot. – Le peuple, hélas, souhaite toujours la force au lendemain des désordres.
Napoléon. – Et personne ne vous a jamais empêché d’user de la vôtre… Vous êtiez plus célèbre que moi.
Carnot. – La Révolution n’aime pas qu’on l’utilise à son profit. »
Critique : Pierre Mondy reste à ce jour le plus proche par l’âge et le physique de ce que fut sans doute Napoléon en 1805. Son interprétation est excellente et mériterait une meilleure critique de la part des spécialistes de l’Empire ou du cinéma. L’instant solennel du choix de la signature (Napoléon décide subitement de signer ses papiers officiels avec son prénom) constitue à lui seul un morceau d’anthologie. Et que dire des autres « monstres sacrés » donnant la réplique : Jean Marais est en tout point formidable en Carnot, Michel Simon plus vrai que nature dans le rôle du grognard « Alboise de Pontoise, Seine-et-Oise » et Claudia Cardinale sublime dans son interprétation de la sensuelle et provocante Pauline. On retrouve là le grand historien cinématographique Abel Gance, celui du Napoléon de 1925. Avec une direction époustouflante de précision et une technique, comme toujours au service de la narration et réglée au millimètre près.
D. Chanteranne (1999-2000)