Napoleon.org : Pouvez-vous nous expliquer quel est votre parcours jusqu’à la création de Gslr Antiques ?
Benoît Geisler : Notre histoire est celle d’une reconversion de carrière. Après 13 ans dans le conseil et les multinationales, nous avons choisi de faire de notre passion notre métier en passant du statut de collectionneurs à celui d’antiquaires. Notre expérience dans le monde de l’entreprise nous a appris le métier de la gestion ; habités du désir d’entreprendre et animés d’une passion, nous ne comptons pas nos heures à documenter nos objets et viser l’excellence en matière de gamme et de service.
Avez-vous une expertise de prédilection (type d’objets, période, …) ?
Benoît Geisler : Notre galerie adopte un positionnement de « marchand-mercier » avec de multiples spécialités allant du mobilier, des objets d’art et tableaux jusqu’aux arts de la table. Par goût, nous nous concentrons sur la fin 18e et le début 19e siècle. Nous aimons particulièrement les meubles et sièges Directoire à Consulat, d’un esprit « design » parfois précurseurs de ce que sera le style art déco plus de 100 ans après.
Quelles sont les différences entre le métier d’antiquaire traditionnel et antiquaire en ligne ?
Benoît Geisler : Le métier d’antiquaire a beaucoup changé depuis 20 ans grâce à Internet. À l’inverse de l’approche traditionnelle en magasin où l’on attend le visiteur, nous avons choisi de présenter nos meubles et objets dans un bel appartement du vieux Grenoble transformé en show room : ses parquets polychromes, ses cheminées et hauts plafonds sont un écrin pour présenter notre sélection. Nos clients collectionneurs internautes et visiteurs visualisent les objets mis en situation dans un contexte qui les rendent plus vivants.
Vos clients se sont-ils tout de suite adaptés à ce nouveau concept d’antiquaire 2.0 ?
Benoît Geisler : 95 % de nos ventes se font en ligne sur la base de nos nombreuses photos et de nos descriptifs détaillés. La relation de confiance construite en ligne est quelque fois renforcée par une remise de l’objet en main propre. Et quand nos clients collectionneurs viennent nous visiter jusqu’à Grenoble, ils ne regrettent pas le voyage.
Comment voyez-vous l’avenir de votre métier ?
Benoît Geisler : Pour faire face à un resserrement du marché, nous continuons à affiner notre sélection vers une offre de plus en plus soignée et pointue. Outre la qualité des objets que nous proposons, nous avons choisi d’apporter un service haut de gamme (notice détaillée, restauration soignée, logistique de livraison spécialisée). Nous souhaitons nous différencier en apportant professionnalisme et sérénité à nos clients collectionneurs quand d’autres canaux de vente sont souvent source de déceptions.
Plus que jamais le trafic d’œuvres d’art, issues du pillage de pays en guerre notamment, sévit sur Internet. Comment vous protégez-vous de ces reventes criminelles ? Participez-vous à une sorte de vigie sur le sujet ?
Benoît Geisler : Notre offre est composée quasiment exclusivement d’objets Français et par bonheur notre pays n’est plus en guerre sur son territoire. Notre préférence va au mobilier Impérial Français acheté légalement plus qu’aux œuvres pillées à Bagdad ou Palmyre. Le sujet est capital pour la défense du patrimoine mondial, mais nous sommes encore une trop petite entreprise de seulement deux personnes pour être en mesure d’allouer des ressources à cette mission de vigie.