Fondation Napoléon : Le concert est-il conçu pour une occasion spéciale ?
Peter Hicks : Depuis 2004, la Fondation organise des journées d’étude ou des concerts. Les faits saillants musicaux des quatorze dernières années ont eu lieu en 2004 et 2010. Le premier était une célébration / commémoration du couronnement et de la consécration de Napoléon en 1804 et le dernier a pris comme thème le mariage de Napoléon avec Marie-Louise en 1810. Les deux concerts comprenaient de la musique non exécutée depuis l’époque de Napoléon. Ce concert pour quatre solistes, chœur et orchestre en mai 2018 est une célébration / commémoration de la vie de Napoléon, de l’Empire à Sainte-Hélène.
Fondation Napoléon : Et le programme ?
Peter Hicks : Eh bien, il est structurellement lâche chronologiquement et thématiquement. Nous commençons par la version 1807 du Chant de Retour de Méhul, qui soulève l’idée d’un second camp de Boulogne pour mettre fin à la guerre. Nous passons ensuite à la célébration triomphale de 1809 de Charles-Simon Catel avec l’Autriche et le couronnement. Nous continuons avec le morceau préféré de Napoléon connu sous le nom de « Quatuor de Lucile », où nous retrouvons une pièce écrite par Etienne-Nicolas Méhul pour honorer la naissance du Roi de Rome en 1811. Nous terminons par un coup d’œil à Sainte-Hélène, via l’orgue et la fanfare de Vierne pour le centenaire de Napoléon, Le Cinq Mai de Berlioz, et l’évocation de la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène. Nous clôturons avec la chanson funèbre de Fauré pour orchestre à vent composée pour le centenaire de la mort de Napoléon (1921) et l’hymne national entraînant de Méhul, « Le chant du départ ».
Fondation Napoléon : Ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler un concert d’airs célèbres.
Peter Hicks : C’est vrai. Mis à part le Berlioz et le Chant du départ, le programme est à la fois inconnu et même pas encore publié. Par exemple, l’hymne triomphal à la naissance du Roi de Rome est resté manuscrit, conservé à la Bibliothèque nationale de Paris. En effet, il y a des spécificités charmantes. Clairement, le morceau a duré trop longtemps, alors Méhul a dû faire des coupes. Le manuscrit en porte la preuve, avec quelques portées barrées, et une grande partie de la partition conductrice porte encore les pages pliées où les coupes ont été faites. C’est toujours amusant quand vous avez une idée de la performance du papier. Nous suivrons ces coupures. Certaines parties du quatuor de Grétry et la célébration triomphale de Catel n’existent que sous forme manuscrite. Les chanteurs napoléoniens avaient par exemple leur propre livret, avec juste leur ligne, plutôt comme de la musique instrumentale, et pas du tout comme des partitions modernes où les chanteurs ont généralement une réduction de piano en dessous de leurs notes. Donc, cela va être une occasion extraordinaire avec de la musique réalisée pour la première fois en 200 ans. Archéologie musicale et aussi reconstitution. Ça devrait être très amusant !