Élisabeth Caude : « Ces partitions répondent à plusieurs missions, celle d’offrir des récréations, celle de permettre de tester les créations auprès de cercles connaisseurs et mécènes, celle, enfin, d’apaiser les tourments de l’âme » (avril 2024)

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A l’occasion de la deuxième édition du festival de Pentecôte, Élisabeth Caude, conservatrice générale du patrimoine et directrice des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, a accepté de nous donner une interview afin de nous parler plus en détail de la saison musicale 2024 à Malmaison Bois-Préau consacrée à la reine Hortense.

Propos recueillis par Claudia Bonnafoux, web-éditrice des sites de la Fondation Napoléon (avril 2024)

Élisabeth Caude : « Ces partitions répondent à plusieurs missions, celle d’offrir des récréations, celle de permettre de tester les créations auprès de cercles connaisseurs et mécènes, celle, enfin, d’apaiser les tourments de l’âme » (avril 2024)
Elisabeth Caude, photo © Christian Millet

napoleon.org : Comment avez-vous eu l’idée de lancer une saison musicale à Malmaison Bois-Préau ?

Élisabeth Caude : Depuis plusieurs années, je souhaitais diversifier l’offre culturelle de Malmaison pour mieux mettre en valeur l’extraordinaire patrimoine que constitue l’ancien domaine de l’impératrice Joséphine. L’opportunité a été de rencontrer Sylvie Brély, directrice artistique de La Nouvelle Athènes et de découvrir la démarche de musique historiquement informée promue par l’association. Jouer sur des instruments d’époque en faisant revivre, grâce à des musiciens formés à cette approche d’authenticité, un répertoire méconnu ou oublié, s’apparente pleinement à la démarche de conservation et de restitution historique : que ces partitions se fassent entendre dans un décor unique et patrimonial permet au public d’affiner l’émotion ressentie et de vivre une expérience globale, authentique et cohérente que tous vivent avec une joie profonde. Et cette découverte sensible s’entend d’autant plus lorsque la musique était au cœur de la vie de Malmaison aussi bien pour l’impératrice Joséphine, amatrice talentueuse que pour ses enfants, la reine Hortense, vraie compositrice et le prince Eugène qui s’entendait fort bien en bel canto.

napoleon.org : Que pouvez-vous nous dire sur Hortense et la musique à partir des documents que vous conservez ?

Élisabeth Caude : La bibliothèque musicale de Malmaison qui comptait vingt-neuf volumes en 1814 a été en partie reconstituée grâce à des acquisitions en 1969 et 1986. Ce fond de l’impératrice Joséphine compte vingt volumes de musique édités pour harpe et un ensemble de partitions isolées qui lui ont appartenu. A cet ensemble s’ajoute celui de la reine Hortense, avec notamment les trois éditions de l’Album de romances antérieures à 1824 ainsi qu’un Album artistique de la reine Hortense riche de douze romances. Ces sources musicales témoignent du succès de la musique de salon à Malmaison et du rôle de compositrice que joua la reine Hortense. Œuvres de divertissement aimables et légères ou œuvres de création, expression des courants à la mode, ces partitions répondent à plusieurs missions, celle d’offrir des récréations, celle de permettre de tester les créations auprès de cercles connaisseurs et mécènes, celle, enfin, d’apaiser les tourments de l’âme.

napoleon.org : Enfin, pourriez-vous nous donner un aperçu des projets futurs pour le Festival de Pentecôte ?

Élisabeth Caude : Bien que l’inscription du festival sur plusieurs années dépende du succès qu’il pourra rencontrer à chaque fois et donc de l’attente du spectateur, et bien que ce renouvellement dépende aussi en grande partie de l’aide financière qui peut être apportée à La Nouvelle Athènes pour faire appel à de jeunes musiciens talentueux – à ce titre nous remercions cette année particulièrement la Fondation Napoléon pour son soutien financier au projet-, il est certain que notre souhait commun aussi bien du côté du château que de La Nouvelle Athènes est de pérenniser la démarche afin que les  rencontres musicales de Bois-Préau soient de plus en plus attendues et appréciées. Ensemble nous construisons la programmation dont je tiens à ce qu’elle soit toujours accompagnée d’une journée historique pour fonder ainsi la problématique abordée et explorer ensemble ces liens entre histoire et musique. C’est ainsi que de nouvelles thématiques émergeront autour du bel canto ou de la musique jouée sous le Second Empire dans les salons de Bois-Préau au temps d’Edouard Rodigues-Henriques.

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