Didier Riancho : « Travailler sur la Correspondance de Napoléon, et avoir l’impression générale de suivre l’histoire au jour le jour » (mai 2022)

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Didier Riancho, « membre correspondant » pour la publication des lettres de Napoléon Bonaparte, fait partie des bénévoles sans qui le projet n’aurait pu voir le jour. À l’occasion de la mise en ligne de la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, il répond à quelques questions sur son travail et cet aboutissement.

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Propos recueillis par Marie de Bruchard le 13 mai 2022.

Didier Riancho : « Travailler sur la <i>Correspondance</i> de Napoléon, et avoir l’impression générale de suivre l’histoire au jour le jour » (mai 2022)
Une partie de l'équipe des membres correspondants ayant travaillé sur les lettres de Napoléon Ier,
lors du lancement de la mise en ligne de ces lettres, le 16 mai 2022 © Fondation Napoléon/Rebecca Young

Napoleon.org – Votre rapport à l’histoire napoléonienne ; êtes-vous passionné par elle depuis longtemps ?

Didier Riancho – L’histoire, d’une façon générale, a toujours été une passion pour moi et plus particulièrement la période allant du règne de Louis XVI jusqu’au Second Empire. Cette période fut incroyablement riche en mutations, mais hélas dans un contexte souvent dramatique.
Mon intérêt pour l’histoire napoléonienne portait plus sur le Second Empire et le parcours de Louis-Napoléon, Président de la seconde République, puis Empereur des Français ; 22 ans de transformations qui préfigurent la France moderne et dont l’importance a été longtemps masquée ou oubliée.

Napoleon.org – Comment avez-vous entendu parler de la proposition de travail bénévole sur la Correspondance de Napoléon au sein de la Fondation ?

Didier Riancho – C’est mon intérêt pour le Second Empire qui m’a permis d’apprendre que la Fondation Napoléon recherchait des personnes pour participer bénévolement à un travail sur une nouvelle édition de la correspondance de Napoléon 1er. Une petite annonce dans la revue Napoléon III avait attiré mon attention et lors d’une exposition à la mairie du 8e arrondissement de Paris consacrée à Napoléon III, j’ai discuté avec une personne passionnée (Madame Jacqueline Frot-Renaud, qui nous a hélas quittés récemment) et qui elle-même participait à ce projet.
Elle m’a encouragé à prendre contact avec M. François Houdececk, à la Fondation Napoléon, ce que j’ai fait vers la fin de l’année 2007.
En 2008, j’ai cessé mes activités professionnelles et je souhaitais avoir une activité en lien avec mes différents centres d’intérêts et ce projet de la Fondation Napoléon correspondait parfaitement à cette attente.

Napoleon.org – Pouvez-vous nous expliquer en quelques phrases ce en quoi consiste ce travail ?

Didier Riancho – De nombreuses lettres avaient déjà été publiées, soit sous le Second Empire sur ordre de l’Empereur Napoléon III, soit plus tard par Léon Lecestre et Léonce Brotonne, mais aussi dans d’autres ouvrages.
L’objectif de notre travail était tout d’abord de s’assurer que les documents transmis ou mis à la disposition de la Fondation par de nombreux services d’archives nationaux et internationaux dans le cadre de ce projet ou apparaissant par exemple dans des catalogues de ventes aux enchères, n’avaient pas déjà été publiés ou que les documents déjà publiés ne comportaient pas d’erreurs ou d’omissions.
Cela impliquait de déchiffrer les documents reçus, qu’il s’agisse de minutes (projet de lettre dicté par l’Empereur à un secrétaire), d’expéditions (lettres écrites par un secrétaire à partir de la minute et signée par l’Empereur) ou de copies d’expéditions (destinées entre autre à l’archivage), avec pour principale difficulté de se familiariser avec les différentes écritures parfois illisibles et les noms propres ou les noms de lieux.
S’assurer aussi que nous n’étions pas en présence de doublons, par exemple une minute alors que l’expédition de cette même lettre avait déjà été publiée et dans ce cas noter les variantes entre les différents textes.
Ce travail de recherche et de saisie d’informations se faisait sur un logiciel spécialement développé pour ce projet.
Les lettres, minutes et copies inconnues étaient enregistrées et référencées dans cette base ainsi que les variantes pouvant exister entre les différents textes (minutes ou expéditions).

Michèle Masson, membre correspondant à l'œuvre, vers 2005<br>© Fondation Napoléon
Michèle Masson, membre correspondant à l’œuvre, vers 2005
© Fondation Napoléon

Napoleon.org – Avez-vous un souvenir en particulier autour d’une lettre, ou d’un moment lors de ces travaux, à partager avec nos lecteurs ?

Didier Riancho – Plus qu’un souvenir particulier, c’est plutôt une impression générale de suivre l’histoire au jour le jour, de mieux comprendre le déroulement des événements et les raisons de certaines prises de décisions.
Une lettre adressée à François Ier, Empereur d’Autriche, datée du 4 avril 1815 envoyée également à tous les souverains et gouvernements européens et mondiaux pendant les Cent-jours, me parait particulièrement intéressante aujourd’hui :
« Le rétablissement du trône impérial était nécessaire au bonheur des Français. Ma plus douce pensée est de le rendre en même temps utile à l’affermissement du repos de l’Europe….
Après avoir présenté au monde le spectacle de grands combats, il sera plus doux de ne connaître désormais d’autre rivalité que celle des avantages de la paix, d’autre lutte que la lutte sainte de la félicité des peuples. La France se plaît à proclamer avec franchise ce noble but de tous ses vœux. Jalouse de son indépendance, le principe invariable de sa politique sera le respect le plus absolu de l’indépendance des autres nations.»
Correspondance générale, volume 15, lettre no 39210, Fayard.

Napoleon.org – La Correspondance de Napoléon est désormais publiée et en cours de mise en ligne ; sur quoi votre équipe de membres correspondants se penche-t-elle actuellement ?

Didier Riancho – Les travaux des membres correspondants continuent avec un dernier « carré » de passionnés qui, avec le même intérêt, travaillent sur divers documents inédits liés à la période des Ier et IInd Empires : Mémoires inédits de généraux, correspondance de ministres ou de particuliers par exemple. Je travaille actuellement sur la correspondance entre un Ministre et l’Empereur, pendant la retraite de Russie.

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