J.-Cl. Banc : Montalivet, un ministre fidèle de Napoléon (nov. 2011)

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Qui est Jean-Pierre Bachasson de Montalivet ? Après des années de recherches, Jean-Claude Banc nous livre, chez Nouveau Monde Editions, une remarquable biographie de ce ministre de Napoléon, à "l'image" de son sujet : sérieuse, approfondie, sans esbrouffe. Une biographie d'un des plus remarquables commis de l'Etat, que sa modestie a sans doute maintenu jusqu'alors dans l'ombre de personnages plus charismatiques. Propos recueillis par Irène Delage, nov. 2011.
J.-Cl. Banc : Montalivet, un ministre fidèle de Napoléon (nov. 2011)
Montalivet, ministre de Napoléon, statue à Valence © JCl Banc

Irène Delage : Comment avez-vous « rencontré » le personnage de Montalivet ? Jean-Claude Banc : Lorsque je suis venu habiter à Valence et que j'interrogeai les valentinois sur ce personnage, qui possédait une statue en centre ville, personne n'a été capable de me donner la moindre explication sur sa carrière. Tout juste savait-on qu'il avait été maire de Valence « mais il y a bien longtemps ! » Curieux par nature, je me suis alors lancé dans des recherches historiques ardues qui, de fil en aiguille, m'ont amené à rédiger ce livre.
 
I.D. : Vous avez eu accès de nombreuses sources inédites et privées, comment s'est déroulé votre travail, quels problèmes avez-vous rencontrés ?
J-Cl. B. : Les archives locales ayant disparu, j'ai bénéficié de la mise à disposition des archives privées de différentes branches de la famille Montalivet, tant à Montmeyran dans la Drome qu'à Saint-Bouze dans le Cher.
 

I.D. : Après tant d'années passées à ses côtés, quel profil psychologique pouvez-vous dresser du futur ministre de Napoléon ?
J-Cl. B. : Un grand commis de l'Etat discret et assez réservé mais terriblement efficace.  

I.D. : Né en 1766, issu d'une famille noble bien établie, comment Montalivet a-t-il traversé la Révolution ?
J-Cl. B. : Prudemment et en se gardant de toute provocation. Un temps menacé, comme tous les nobles, il s'est engagé sous le nom prolétaire de Bachasson dans l'armée des Alpes afin de se faire oublier.
 
I.D. : Maire, préfet, conseiller d'Etat, directeur général des Ponts et Chaussées, ministre… Votre étude montre combien la progression de sa carrière fut régulière. Quelles furent ses principales réalisations ?
J-Cl. B. : Il n'a pas personnellement pris d'initiatives spectaculaires qui auraient forcément déplu à Napoléon mais il a accompagné et finalisé nombre de réformes engagées par l'Empereur comme la mise en place des Prud'hommes ou le développement des industries. Il a recomposé nombre d'administrations, assuré le suivi des grands travaux qui fleurissaient aux quatre coins de l'Empire : percées alpines, routes impériales, aménagement de Paris, Rome, Anvers….

Signature de Montalivet, ministre de Napoléon © JCl Banc

I.D. : Quelles relations entretenaient Montalivet et Napoléon ? Quel rôle a-t-il pu jouer auprès de l'Empereur ? J-Cl. B. : Au début de sa carrière, il traitait d'égal à égal avec Bonaparte mais rapidement il a reconnu sa supériorité intellectuelle et s'est plié à sa volonté non sans parfois lui tenir tête. Je pense qu'il représentait le bon sens terrien auprès de Napoléon qui l'a souvent mis à contribution.

I.D. : Fidèle, profondément attaché à Napoléon, comment Montalivet a-t-il abordé la Restauration ?
J-Cl. B. : Dépité et déçu, il s'est retiré dans son château de Lagrange, à Saint-Bouze dans le Cher.
 
I.D. : Enfin, à la lecture de cette biographie, qu'aimeriez-vous que les lecteurs retiennent de Jean-Pierre Montalivet ?
J-Cl. B. : Une fidélité exemplaire de 30 ans et une reconnaissance sans borne qui le poussera à refuser de voir l'évidence. En effet, alors que la situation militaire se détériorait en 1814, il préconisait une guerre à outrance et était prêt à partir au front.

Biographie MontalivetMontalivet, l'homme de confiance de Napoléon, par Jean-Claude Banc
 
Nouveau Monde Editions / Fondation Napoléon, coll. La Bibliothèque Napoléon
 
Préface J. Tulard ; 415 pages, 29 euros (prix indicatif)

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