La ville d’Arcole est située au milieu de marais près du confluent de l’Adige et de l’Alpone à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Vérone. Elle est célèbre pour la bataille qui s’y déroula durant trois jours lors de la première campagne d’Italie, les 15, 16 et 17 novembre 1796.
Afin d’empêcher la réunion des troupes autrichiennes du général Alvinzi concentrées à Calderio et celles de son lieutenant Davidovitch, tandis que Würmser restait bloqué à Mantoue, l’armée de Bonaparte quitta Vérone en secret le soir du 14 novembre.
Le 15, Augereau marchait sur Arcole sans pouvoir toutefois franchir le fameux pont. Bonaparte tenta à son tour mais en vain d’y entrainer ses troupes. C’est cet épisode qui inspira le peintre Gros pour sa toile célèbre représentant le jeune et fougueux général (musée national du château de Versailles). Le 16 et 17, les combats reprirent ; Bonaparte fit construire un pont sur l’Alpone afin de faire passer les divisions d’ Augereau et surprendre à revers les troupes autrichiennes tandis que Masséna arrivant de Ronco franchissait enfin le pont d’Arcole. Après trois jours de combats acharnés, Alvinzi battait en retraite.
Aujourd’hui, il est toujours possible de voir à Arcole le site de la bataille et le pont devenu légendaire. Celui-ci a conservé l’aspect de 1796 jusque dans les années 2010. Il a depuis été refait.
Un obélisque, érigé en 1810 sur la rive droite de l’Alpone, rappelle la victoire des Français sur les Autrichiens. Deux plaques commémoratives en latin y sont apposées. En voici les traductions : « Napoléon / indigné par l’hésitation de ses soldats / ayant saisi l’étendard, s’élança sur le pont / rendit aux siens le courage au combat / annéantit les Autrichiens qui en vain revenaient à la charge / éternisa le nom de ces lieux / 15 novembre 1796 ». « A Napoléon / chef de l’armée française / pour ce qu’il asservit ici la victoire arrachée aux ennemis / et qui ne lui manquera plus désormais / l’Italie rendue / à ses brillantes destinées / et aux droits que lui donne son ancienne gloire / Décembre 1810 ». Il est à souligner que cet obélisque napoléonien figure sur les armes de la petite cité d’Arcole.
Une plaque commémorative en italien est apposée de l’autre côté du pont sur les parois de la petite chapelle Saint-Jean : « Napoléon / ici pendant trois journées avec un sort incertain / se battit contre l’ennemi / ici sur le pont, de sa main / leva le drapeau animateur / et appela ses courageux sujets à la victoire / ici il vainquit, léguant à ces lieux une gloire immortelle ». La visite d’un petit musée situé dans le village à proximité immédiate de l’église prolonge celle du site de la bataille d’Arcole.
Le Museo Napoleonico d’ Arcole fut inauguré en 1984 dans une chapelle désaffectée. Il abrite les collections d’un passionné de l’épopée napoléonienne, Gustavo Alberto Antonelli. Dans un décor inspiré des tentes militaires, les petites salles d’exposition présentent un ensemble de documents et de souvenirs consacrés à la bataille et à Napoléon. Gravures, lithographies, proclamations et objets divers sont dominés par quelques reproductions des plus fameuses oeuvres des peintres ayant célébré l’épopée : Gros, David, Géricault, Meissonier… Toutes sont des copies exécutées par Gustavo Antonelli lui-même. Il est d’ailleurs à signaler une toile originale de cet amateur intitulée « L’Entrée de Napoléon au Caire ». La dernière salle reconstitue la chambre mortuaire de l’Empereur.
Karine Huguenaud