Sous le Second Empire, le Bois de Boulogne s’est affirmé comme une réalisation déterminante dans l’aménagement des parcs et des jardins de la capitale. C’est lui, en effet, qui inaugura dès 1852 toute la politique mise en place pour le développement des espaces verts à Paris. A l’origine de cette politique : Napoléon III. L’Empereur s’intéressa à tous les squares, jardins et parcs créés ou réaménagés sur son ordre, mais il porta un intérêt tout particulier au Bois de Boulogne qu’il considérait un peu comme sa création personnelle. Le 17 juillet 1852, il fit nommer Hittorff « architecte du Bois et de la future avenue de l’Impératrice » (l’actuelle avenue Foch). Assisté de Varé, le jardinier paysagiste des parcs de Saint-Leu et de Mortefontaine, Hittorff choisit un aménagement respectant la topographie existante. Mais, l’Empereur imposa la création d’une rivière à l’instar de la Serpentine de Hyde Park qu’il avait tant admirée à Londres.
Creusant une large tranchée de 1,5 km, Varé commit une erreur concernant la dénivellation : les différences de niveau étaient telles que la rivière se vidait au sud tandis qu’elle inondait le sol au nord. Haussmann, nommé préfet de la Seine entre temps, congédia Hittorff et Varé pour s’adjoindre les services de l’ingénieur Alphand et de l’horticulteur Barillet-Deschamps. Ne conservant que deux allées rectilignes (celles de Longchamp et de la Reine-Marguerite), la nouvelle équipe composa un paysage à l’anglaise avec des chemins sinueux, des pièces d’eau, de petites rivières artificielles amenant l’eau et des ensembles de rocailles. L’impossible rivière de Varé fut transformée en deux lacs avec deux îles sur lesquelles on installa un authentique chalet suisse (le restaurant Le Chalet des Iles) construit par Seiler aux environs de Berne et le charmant petit « kiosque de l’Empereur » réalisé par Davioud.
Par l’expropriation de la plaine de Longchamp et de celle de Bagatelle, Haussmann étendit le Bois jusqu’à la Seine à partir de 1855. Le château de Bagatelle et son magnifique jardin furent restaurés tandis que la création du jardin d’Acclimatation, du Pré-Catelan et de l’hippodrome de Longchamp contribuaient au succès d’un lieu vite fréquenté par la haute société. Promenade mondaine, le Bois de Boulogne était chaque jour le rendez-vous de l’élégance et des intrigues galantes. On s’y rendait à cheval ou en calèche pour parader une ou deux heures autour des lacs avant de rejoindre son domicile parisien par la prestigieuse avenue de l’Impératrice.
Karine Huguenaud (2001)
Pour retrouver l’histoire du Bois de Boulogne et celle des autres espaces verts aménagés sous le Second Empire, n’hésitez-pas à flâner dans l’itinéraire Parcs et Jardins : les promenades parisiennes du Second Empire.