C'est à moins de 150 km de Moscou que se déroula à Borodino, le 7 septembre 1812, l'une des batailles les plus importantes de la campagne de Russie. Elle opposa les armées françaises de Napoléon (130 000 hommes, 28 000 cavaliers, 587 canons) aux armées russes dirigées par Koutouzov (135 000 hommes, 25 000 cavaliers, 624 pièces d'artillerie). Les combats durèrent plus de quinze heures sous un feu ininterrompu, semblable au roulement du tonnerre selon les dires des témoins.
La bataille de Borodino fut terrible en pertes humaines : 20 000 blessés et 10 000 tués chez les Français dont les généraux Montbrun, Caulaincourt, Compère, Plauzonne, Lanabère, Romeuf, Marion et Tharreau ; 35 000 blessés et 15 000 tués chez les russes dont les généraux Bagration, Kutaizov et Toutchkov.
Napoléon lui-même soulignait l'horreur de cette tragique « bataille des géants » : « Des cinquante batailles que j'ai données, la plus affreuse est celle livrée par moi devant Moscou. Les Français s'étaient montrés dignes d'être vainqueurs, les Russes avaient conquis le droit d'être considérés comme invincibles« . En France, la bataille de Borodino est appelée bataille de la Moskowa du nom de la rivière située au nord des lieux du combat : Napoléon imposa ce nom évoquant Moscou pour rappeler que la bataille s'était déroulée « sous les murs » de la capitale russe.
La visite du champ de bataille de Borodino débute au village de Gorki qui fut le quartier général du général Koutousov. Un obélisque de marbre noir surmonté d'un aigle planant a été érigé en 1912 à l'entrée du village pour marquer l'importance du lieu. En contrebas, une grande stèle indique tous les monuments commémoratifs à voir sur le champ de bataille.
Au village de Borodino a été installé un musée consacré à la bataille : maquettes,tableaux, armes, uniformes évoquent les combats. Une grande allée face au musée conduit à la « Grande Redoute » qu'occupait le général d'artillerie Raïevski. Les vestiges des retranchements y sont encore visibles tandis qu'un immense monument russe installé pour le 175e anniversaire de la bataille domine le site. Derrière se trouve la tombe du général Bagration mort au combat.
A quelques distances de la Grande Redoute, juste après le village de Séménowskoïé, se trouve le site dit des « Trois Flèches » ou « Flèches de Bagration ». Juste à côté, la maison où Léon Tolstoï écrivit Guerre et Paix a été transformée en petit musée évoquant et l'écrivain et la bataille. En poursuivant jusqu'à Schewardino, on arrive à la redoute du même nom qui avait été construite et fortifiée par les Russes. Elle fut enlevée par les Français le 5 septembre 1812. A quelques centaines de mètres de la Redoute de Schewardino, se trouve le seul monument français du champ de bataille. Erigé en 1812, à l'initiative de La Sabretache, cet obélisque de granit surmonté d'un aigle aux ailes déployées est situé à l'emplacement où se tenait Napoléon le 7 septembre 1812. 35 autres monuments commémoratifs russes parsèment le champ de bataille où, chaque premier dimanche de septembre, se déroule la reconstitution des principaux épisodes des combats.
Karine Huguenaud