Situé dans un site magnifique dominant la mer des Caraïbes, le domaine de la Pagerie vit naître en 1763 une petite fille promise à un fabuleux destin : Marie-Joseph-Rose Tascher de la Pagerie, future Joséphine Impératrice des Français. Joséphine passa ses seize premières années dans la domaine de la Pagerie, connu à l’époque sous le nom de « Petite Guinée », qui couvrait alors plus de 300 hectares et abritait 200 esclaves. Le domaine vivait de la culture et de la fabrication du sucre, du café et de l’indigo, exportés vers la France.
La maison natale fut en partie détruite par un ouragan en 1766. Les murs de la chambre de repos de Mme de la Pagerie furent relevés et constituent aujourd’hui une charmante maisonnette de pierres et de tuiles roses convertie en petit musée de l’Impératrice. Y sont conservés quelques 200 objets divers, son lit de jeune fille en bois de Courbaril, des lettres de Napoléon, des portraits, des meubles et des souvenirs lui ayant appartenu.
De la sucrerie qui abrita la famille de Joséphine lors de l’ouragan et où elle vécut après celui-ci, il ne reste que des vestiges. Le moulin où étaient distillées les cannes de la plantation sert aujourd’hui à l’accueil des visiteurs. Tous ces bâtiments sont entourés d’un splendide jardin où un buste de Joséphine a été installé dans un massif fleuri. L’évocation de l’Impératrice se poursuit dans la petite église des Trois-Ilets. C’est ici que ses parents se marièrent et que Joséphine fut baptisée le 27 juillet 1763. Une plaque commémorative sur la façade de l’église rappelle cet événement et une autre fut apposée lors du centenaire de la mort de Napoléon en 1921. Le transept gauche abrite la tombe de Rose-Claire Vergers de Sanois, mère de l’Impératrice.
Sous le Second Empire, une statue de Joséphine Impératrice exécutée par Vital-Dubray fut installée place de la Savane, au coeur de Fort-de-France. Sur le piédestal, un bas-relief représente le couronnement suivi de cette inscription : « L’AN MDCCCLVIII / NAPOLEON III REGNANT / LES HABITANTS DE LA MARTINIQUE/ ONT ELEVE CE MONUMENT ». Cette statue, aujourd’hui décapitée, témoigne par cette mutilation des sentiments peu amènes des Martiniquais à l’égard de l’Impératrice.
Karine Huguenaud