Eglise de la Madeleine – Paris

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Eglise de la Madeleine – Paris
© Fondation Napoléon - K. Huguenaud

Depuis le XIIIe siècle, le faubourg de la Ville l’Evêque possédait un lieu de culte, l’église Sainte-Marie-Madeleine, situé au début de l’actuel boulevard Malesherbes. Au XVIIIe siècle, un nouvel édifice s’avéra nécessaire en raison du développement du quartier. Pierre Contant d’Ivry conçut les plans du bâtiment qui devait prendre place dans la monumentale perspective de la rue Royale et de la place Louis XV. A sa mort, en 1777, les plans furent modifiés par Guillaume Couture, mais la Révolution interrompit la construction du monument en 1791.

Tandis que la signature du Concordat en 1802 rétablissait le culte catholique, l’église de l’Assomption, rue Saint-Honoré, fut désignée comme paroisse de la Madeleine.

Fresque de la demi-coupole par Ziegler (détail) © Fondation NapoléonLe chantier entrepris par Couture posa alors le problème de sa destination. Les projets abondèrent parmi lesquels fut retenu celui de Pierre Vignon. Répondant à un décret impérial de février 1806, le projet de Vignon prévoyait d’installer dans l’édifice inachevé la Bourse, le Tribunal de commerce ainsi que la Banque de France.

Cependant, un autre décret impérial signé par Napoléon du camp de Posen à la date symbolique du 2 décembre 1806, annula le précédent et instaura un concours pour « l’édification d’un temple à la gloire des Armées françaises sur l’emplacement de la Madeleine ». Le programme de ce concours prévoyait au fronton du monument la dédicace suivante, « L’Empereur Napoléon aux soldats de la Grande Armée » tandis qu à l’intérieur de l’édifice, les noms de tous les hommes ayant participé aux batailles d’Ulm, d’Austerlitz et d’Iena devaient être inscrits sur des tables de marbre, par corps d’armée et par régiment. Les morts au champ de bataille auraient vu leurs noms gravés sur des tables d’or massif et la liste récapitulative des soldats fournis par les différents départements aurait pris place sur des tables d’argent. Des bas-reliefs représentant les régiments de la Grande Armée, des statues des maréchaux et tous les trophées, « drapeaux, étendards et timbales » conquis, auraient complété cette évocation commémorative.

80 artistes prirent part au concours dont le vainqueur fut Etienne de Beaumont. Cependant, l’Empereur décida par une lettre du 30 mars 1807 de confier le projet à Vignon : « C’est un temple que j’avais demandé et non une église » commenta-t-il. L’architecte entreprit alors de raser les constructions de Couture, ce qui fut accompli en 1811. Les véritables travaux débutèrent alors mais, faute de moyens, évoluèrent lentement. Après la campagne de Russie, Napoléon renonça d’ailleurs au Temple de la Gloire et reprit à son compte l’idée d’en faire une église. La chute de l’Empire vint de nouveau mettre un terme aux travaux.

C’est la Restauration qui relança le projet en rendant l’édifice au culte catholique et en le consacrant à la mémoire de la famille royale montée sur l’échafaud pendant la Révolution. Vignon reprit la construction en 1816, relayé à sa mort en 1828 par Huvée. En 1842, l’église de la Madeleine redevint la paroisse principale du 1er arrondissement et sa consécration par l’archevêque de Paris se déroula en 1845.

Temple périptère à colonnes corinthiennes, la Madeleine est un des meilleurs exemples de l’architecture néoclassique à Paris. Elle marque la volonté délibérée de Napoléon de retrouver la grandeur antique pour célébrer « le souvenir de la gloire impérissable de l’Empereur… et celle de ses compagnons d’armes ». En revanche, l’église n’a rien conservé dans son décor sculpté du programme napoléonien. De nombreuses œuvres sont pourtant remarquables telles les monumentales portes de bronze de Triqueti ou « Le baptême du Christ » par Rude. Il est à signaler particulièrement la fresque de la demi-coupole de l’abside exécutée par Ziegler à la gloire de l’Histoire du Christianisme (1835-1837). Seule fresque dans une église parisienne où apparaît la figure de Napoléon, elle rassemble autour du Christ, de Marie Madeleine et des apôtres, les grands personnages qui ont marqué le christianisme : Constantin, Clovis, Godefroy de Bouillon, Frédéric Barberousse, Jeanne d’Arc, Dante, Raphaël, Pie VII et l’Empereur en costume de sacre.

Karine Huguenaud

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