Eglise Saint-Leu Saint-Gilles – Saint-Leu-la-Forêt

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Eglise Saint-Leu Saint-Gilles – Saint-Leu-la-Forêt

C'est dans la petite commune de Saint-Leu dans le Val d'Oise que Louis Bonaparte, futur roi de Hollande, choisit de s'installer en 1804 avec sa jeune épouse, Hortense de Beauharnais. Grâce à un don de 600 000 francs généreusement consenti par son illustre frère, Napoléon, Louis fit acheter les deux châteaux de Saint-Leu. Après avoir fait démolir le plus ancien, le jeune couple résida dans le « château du bas » situé au milieu d'un parc enchanteur redessiné par Berthault, le jardinier paysagiste de Malmaison et de Compiègne.

Appelé au trône de Hollande en 1806, Louis séjourna peu à Saint-Leu. C'est surtout la reine Hortense qui profita des aménagements réalisés entre 1804 et 1817. Séparé de son époux en 1810, elle devint la seule propriétaire du domaine qui sera érigé en duché lors de la première Restauration, le 20 mai 1814. La seconde Restauration à partir de 1815 contraignit Hortense, désormais duchesse de Saint-Leu, à s'exiler en Suisse, à Arenenberg, où elle mourut en 1837.

Après l'expulsion de la reine Hortense, Louis XVIII restitua le domaine au duc de Bourbon, prince de Condé, qui y fut « suicidé »en 1830 dans d'étranges circonstances.

A la suite de son abdication en 1810, Louis voyagea en Europe sous le titre de comte de Saint-Leu avant de se fixer en Italie. Après avoir assisté aux tentatives de prise de pouvoir de son dernier fils, Louis-Napoléon futur Napoléon III, Louis s'éteignit dans la solitude le 25 juillet 1846 à Livourne. Selon ses dernières volontés, son corps fut rapratrié en l'église de Saint-Leu afin de reposer auprès de ses deux autres fils, Napoléon-Charles décédé en 1807 et Napoléon-Louis décédé en 1831. La dépouille de Charles Bonaparte, père de Napoléon Ier et de Louis, fut également transportée à Saint-Leu. Elle rejoignit la chapelle impériale d'Ajaccio en 1951. Si le domaine de Louis Bonaparte et d'Hortense a aujourd'hui complètement disparu suite au morcellement et au lotissement du terrain, l'église de Saint-Leu abrite toujours les dépouilles du roi de Hollande et de ses fils. A la veille de la Seconde République, l'édifice était presque en ruine. En 1849, le prince-président Louis-Napoléon décida de sa reconstruction afin de donner aux membres de sa famille une nécropole digne de leur nom. Il confia les travaux, réalisés sur ses propres deniers, à l'architecte Eugène Lacroix qui érigea un monument inspiré des basiliques paléochrétiennes. De plan rectangulaire divisé en trois travées, une nef avec abside et deux bas-côtés, l'église de Saint-Leu frappe par son austérité que modèrent quelque peu les charmantes plaques de faïences émaillées des tympans extérieurs et la charpente intérieure simulant un ciel étoilé d'or.

En fait, l'attention est immédiatement attirée par l'abside où s'élève un imposant monument commémoratif de marbre blanc dédié à Louis Bonaparte et à ses fils. Derrière ce mausolée, une fresque due à Sébastien Cornu représente quatre anges surmontés de Saint Louis, Saint Napoléon et Saint Charles. Cette peinture murale a fait l'objet d'une restauration financée par la Fondation Napoléon ainsi que le rappelle une plaque commémorative. Les vitraux de l'abside présentent une composition répétitive de motifs floraux frappé du « N » napoléonien. Les sarcophages des défunts sont conservés dans la crypte. Il est à signaler dans une chapelle à droite du choeur le tombeau de la baronne de Broc, dame d'honneur de la reine Hortense et celui de sa soeur, la maréchale Ney. L'église de Saint-Leu fut solennellement consacrée le 31 octobre 1851 par Monseigneur Gros, évêque de Versailles, en présence de Louis-Napoléon Bonaparte entouré de plusieurs membres de sa famille et de nombreuses personnalités. En 1869, l'Empereur offrit un magnifique orgue Cavaillé-Coll qui constitue toujours l'un des plus beaux ornements de l'église. Napoléon III avait envisagé d'enrichir la décoration intérieure par de vastes peintures murales, mais ses projets furent abandonnés en raison de la guerre de 1870 et de la chute du Second Empire.

Karine Huguenaud

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