Honoré de Balzac vécut dans cette maison de 1840 à 1847. Des onze domiciles parisiens de l’écrivain, elle est la seule qui subsiste aujourd’hui. Cette maison est aussi un témoignage de ce que fut le village de Passy au siècle passé : un lieu de villégiature pour les citadins en mal de campagne. Située en bord de Seine à flanc de coteau, la maison de Balzac fut officiellement transformée en musée en 1949. Elle est le siège du groupe d’Etudes balzaciennes et de la Société des Amis de Balzac.
Balzac se réfugia dans cette demeure en 1840 après avoir quitté les Jardies, à Sèvres, saisies par les créanciers. A l’époque, la maison était dissimulée par un autre bâtiment, un hôtel dans lequel il fallait pénétrer et descendre deux étages puis donner un mot de passe pour arriver jusqu’au pavillon de l’écrivain. Installé sous le nom d’emprunt de Mr Brugnol (celui de sa gouvernante-maîtresse ! ), Balzac rédigea dans ce lieu une grande partie de son monumental chef-d’oeuvre, La Comédie humaine. La Rabouilleuse, Le Curé de village, Les Paysans, Ursule Mirouet, Honorine, Mémoire de deux jeunes mariées, Modeste Mignon, Splendeurs et misères des courtisanes, La Cousine Bette, Le Cousin Pons y virent notamment le jour, tout comme Une Ténébreuse affaire mettant en scène Napoléon Ier lui-même. Balzac souhaitait égaler par l’écriture l’oeuvre immense accompli par l’Empereur. En 1825, il avait eu « l’honneur » de devenir l’amant d’une des anciennes gloires de l’Empire, la duchesse d’Abrantès, veuve du général Junot. Grâce à ses confidences et ses souvenirs, il avait approché de plus près cette période de l’histoire française. Elle l’inspira pour la rédaction de La Physiologie du mariage et en échange, il l’aida à rédiger ses Mémoires qui parurent de 1831 à 1835.
La maison de Balzac a conservé son aspect général. Si le mobilier a quasiment disparu en raison des déménagements postérieurs, les pièces ont gardé leurs proportions, leurs cheminées et leurs décors de plafond. Le parcours muséographique débute dans le vestibule par une évocation de l’écrivain et du quartier puis, dans la chambre de Balzac, par celle de sa famille et de ses proches. Y est exposée notamment sa fameuse canne à pommeau d’or et de turquoises.
Dans l’ancien salon revit le souvenir de Mme Hanska, « l’Étrangère » qui devint Mme Balzac quelques mois avant la mort de l’écrivain. Par un passage, on communique avec le cabinet de travail, la pièce la plus émouvante de la maison avec ses vitraux, sa cheminée de marbre noir, son parquet de Versailles et surtout le fauteuil et la table de Balzac, celle dont il écrivait : « Je la possède depuis dix ans, elle a vu toutes mes misères, essuyé toutes mes larmes, connu tous mes projets, entendu toutes mes pensées. Mon bras l’a presque usée à force de s’y promener quand j’écris ». Les autres pièces illustrent très richement l’oeuvre et la vie de l’écrivain tandis qu’un centre de documentation comportant une bibliothèque et un cabinet d’estampes possède l’ensemble des études consacrées à l’illustre écrivain et une belle collection d’éditions originales.
Karine Huguenaud