C’est en octobre 1832 que la famille Hugo s’installa dans cette maison de la place Royale, actuelle place des Vosges. L’écrivain y vécut jusqu’à la Révolution de 1848 ; il y écrivit une part importante de son oeuvre : Les Chants du crépuscule (1835), Les Voix intérieures (1837), Ruy Blas (1838), Les Rayons et les ombres (1840), Les Burgraves (1843), une partie des Misérables et le début de La Légende des siècles.
Ancien hôtel de Rohan-Guéménée construit vers 1604,la maison a subit de nombreux remaniements depuis l’époque de son occupation par la famille Hugo, mais une reconstitution de l’ancienne distribution de l’appartement a été effectuée par les conservateurs. Le musée fut constitué en 1902 à partir des collections de Paul Meurice, ami intime et exécuteur testamentaire du poète. Le visiteur pénètre aujourd’hui dans l’antichambre puis dans un salon où sont rassemblés des souvenirs évoquant la famille de Victor Hugo, ses grands parents, son père, Léopold Hugo représenté dans sa tenue de général d’Empire, sa mère, Sophie Trébuchet, et ses frères Abel et Eugène. Son enfance, son amour naissant pour Adèle Foucher puis leur mariage en 1822, la naissance de leurs quatre enfants, Léopoldine, Charles, François-Victor et Adèle sont rappelés par de nombreuses oeuvres : bustes, tableaux, dessins, objets divers. Un dessin exécuté par l’écrivain présente les armes qu’il adopta à partir de 1845, date de sa nomination comme pair de France : elles se composent des armes de la famille Hugo de Lorraine et de celles de son père anobli au rang de comte, en juillet 1810, à la suite de sa victoire sur un chef de guérilla espagnol à Sigûenza. Il est également à signaler un coffre gravé et peint par Hugo portant les initiales de son fils, François-Victor, qui collabora avec lui au journal L’Evénement. Ce journal soutint ardemment la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte en 1848 et la tradition veut que le futur prince président se soit assis sur ledit coffre lors d’une visite à l’illustre écrivain.
Les salles suivantes sont entièrement consacrées à l’exil. En 1851, au lendemain du coup d’Etat, Hugo quitta la France pour Bruxelles muni d’un faux passeport. Après quelques mois passés en Belgique, il s’installa tout d’abord sur l’île de Jersey puis sur celle de Guernesey, à Hauteville House, où il vécut jusqu’à la chute du Second Empire en 1870. Sa fidèle maîtresse, Juliette Drouet, l’avait suivi ; elle s’installa à proximité de la demeure des Hugo, à Hauteville Fairy. Le décor intérieur de la salle à manger « chinoise » de cette maison, entièrement réalisé par l’écrivain, a été remonté dans la maison de la place des Vosges. Il témoigne des talents de Hugo en matière de décoration : tous les panneaux de bois ont été dessinés et gravés de sa main.
Une pièce rassemble ensuite une belle collection de photographies prises lors de l’exil par Charles Hugo et Auguste Vaquerie. Elles évoquent la vie quotidienne de l’écrivain et de sa famille ainsi que du cercle des proscrits du coup d’Etat les entourant. Parmi beaucoup d’autres, on y remarque l’éditeur Pierre-Jules Hetzel grâce auquel parurent Napoléon le Petit en 1852 et Châtiments en 1853. La visite s’achève sur la vie de Victor Hugo après son retour d’exil et sur la reconstitution de sa chambre mortuaire. La maison de Victor organise régulièrement des expositions des oeuvres graphiques de l’écrivain. Elle accueille également un cabinet d’estampes et une bibliothèque ouvertes aux chercheurs sur rendez-vous.
Karine Huguenaud