Musée Carnavalet – Paris

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Musée Carnavalet – Paris

En 1866, alors que les travaux d’urbanisme font disparaître une partie du cœur de Paris, le baron Haussmann décide la création d’un musée consacré à l’histoire de la capitale. C’est à son instigation que la ville de Paris achète l’hôtel Carnavalet, splendide bâtiment édifié en 1548 pour Jacques de Ligneris, président au Parlement. L’hôtel, décoré de bas-reliefs attribués à Jean Goujon, fut remanié ensuite au XVIIe siècle par Mansart et habité entre 1677 et 1696 par Madame de Sévigné. En 1989, le musée Carnavalet s’est étendu sur l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, sobre et majestueuse demeure voisine construite en 1690 par Pierre Bullet.

Musée à vocation parisienne, Carnavalet n’évoque pas directement l’épopée napoléonienne mais plutôt les transformations urbaines de la ville sous l’Empire et les événements historiques ou manifestations diverses dont la capitale fut le théâtre. Les salles 109 à 113 consacrées au Directoire rassemblent quelques œuvres rappelant le coup d’Etat du 18 Brumaire (proclamation de Bonaparte, gravures), le buste en plâtre du jeune général par Corbet, une gouache pittoresque intitulée Le Songe de Napoléon et un portrait de Gros figurant Méhul, le musicien préféré de l’Empereur.

La salle Empire (115) conserve quelques pièces exceptionnelles comme le nécessaire de campagne de l’Empereur exécuté par Biennais et Odiot, une paire de pistolet d’arçon, sa cuirasse d’honneur en cuivre ciselé dont le motif central fut dessiné par Vivant Denon, des armes d’honneur de ses grands soldats et une épreuve de son masque mortuaire moulé par Antonmarchi à Sainte-Hélène. Le reste de cette salle évoque surtout la face civile de l’Empire avec quelques portraits et bustes de ses grands représentants : L’Empereur Napoléon Ier par Robert Lefevre, Talleyrand par Prud’hon et Pie VII par Deseine. La place d’honneur revient toutefois aux beautés les plus célèbres de l’époque : Madame Hamelin par Appiani, Mademoiselle Duchesnois fameuse actrice représentée dans le rôle de Didon par Gérard et surtout Madame Récamier magnifiée dans tout l’éclat de sa beauté par le même Gérard dans un tableau justement célèbre.

La vie parisienne et les transformations urbaines sont représentées par différents tableaux. Celui de Jacques Bertaux retraçant minutieusement le passage sur le Pont Neuf du cortège de Napoléon Ier le jour du sacre le 2 décembre 1804 s’inscrit dans la tradition des vues urbaines du XVIIIe siècle. Un autre de Léopold Boilly narre le départ des conscrits devant la porte Saint-Denis. Deux tableaux d’Etienne Bouhot font référence aux travaux engagés par l’Empereur : ils représentent la fontaine du Châtelet (dont la statue de Victoire originale en bronze exécutée par Boizot est aujourd’hui conservée dans le jardin du musée) et la place Vendôme avec la célèbre colonne élevée à la gloire de la Grande Armée.

La salle 128 est consacrée au Second Empire. Les cérémonies impériales sont évoquées par de nombreux tableaux : inauguration de l’Exposition universelle de 1855, distribution des aigles, défilé des troupes de Crimée, arrivée de la reine Victoria à la gare de l’est, fête de nuit donnée aux Tuileries le 10 juin 1867 pour les souverains étrangers. Les belles de l’Empire, Marguerite Bellanger, Céline Chaumont et la duchesse de Castiglione, sont figurées par des bustes de Carrier-Belleuse tandis qu’une pièce exceptionnelle nous rappelle le souvenir du prince impérial : il s’agit de son berceau d’apparat offert par la ville de Paris lors de sa naissance en 1856. Plus tragiquement, l’attentat d’Orsini est dépeint de façon spectaculaire par un artiste italien, H.Vittori.

Les immenses travaux d’urbanisme engagés par Haussmann à l’initiative de Napoléon III forment l’autre pôle de cette salle et de la suivante (129). Portrait du célèbre préfet par Lehmann, remise du décret d’annexion des communes suburbaines en 1859, percement de l’avenue de l’Opéra et démolition de l’ancien Hôtel-Dieu. Il est à noter quelques pièces amusantes au rez-de-chaussée du musée dans une salle réservée aux enseignes parisiennes. Caractéristiques de l’art populaire, elles utilisent la figure de Napoléon Ier pour les boutiques d’un marchand de vin, « La Veillée d’Austerlitz » ou d’un marchand de tabac, « Au Tabac du grand Vainqueur ».

Karine Huguenaud

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