Musée de la Préfecture de Police – Paris

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Musée de la Préfecture de Police – Paris
© Fondation Napoléon

Situé dans l’hôtel de police du Ve arrondissement, ce musée fut créé par le préfet Louis Lépine rendu célèbre par le concours des inventeurs qui porte son nom. A partir de manuscrits, d’estampes, de portraits, d’affiches et d’objets divers, il retrace l’histoire de la police parisienne du XVIIe siècle à nos jours. En 1667, Louis XIV avait créé la charge de Lieutenant de Police dont la mission se résumait en trois mots : « netteté, clarté, sûreté ». Le musée rend ainsi hommage au premier de ces lieutenants, Nicolas de la Reynie. Ceux qui lui succèdèrent s’attachèrent à assurer la sécurité dans les rues de la capitale en s’attaquant à l’école du crime (destruction de la Cour des Miracles en 1668) ou en réglementant les problèmes de circulation (immatriculation des carosses et des voitures publiques et interdiction de stationner en double file en 1725 et 1739).

Le 13 juillet 1789, devant l’effervescence régnant dans la capitale, des volontaires formèrent une garde bourgeoise que Lafayette, élu commandant, baptisa Garde nationale. La période révolutionnaire est ici particulièrement bien représentée avec des pièces uniques telles que le décret de la Convention du 11 décembre 1792 ordonnant à Louis XVI de comparaître ou le procès verbal de l’inhumation du Dauphin. De nombreux ordres d’arrestation sont également exposés. Ceux de Beaumarchais, Lavoisier, Charlotte Corday ou Mme Roland voisinent avec celui de Joséphine de Beauharnais daté du 2 floréal an II (21 avril 1794). Elle fut incarcérée à la prison des Carmes jusqu’au 28 juillet 1794 (10 Thermidor an II). Des gravures représentant des révolutionnaires, des médailles d’officiers de police, un sifflet en ivoire et un bâton des officiers de paix de 1792 complètent l’évocation de cette époque mouvementée.

En 1800, Bonaparte institua la fonction de Préfet de Police dans le but de mettre fin à l’instabilité qui régnait dans les rangs de celle-ci pendant les dernières années révolutionnaires. Louis-Nicolas Dubois endossa le premier cette charge le 8 mars 1800. L’arrêté du 12 messidor an VIII (1er juillet 1800) détermina ensuite avec plus de précision les attributions du préfet responsable de la sécurité générale dans Paris. Dubois fut confronté dès la fin de l’année à l’immense responsabilité de sa charge lors de l’enquête sur le tragique attentat de la rue Saint-Nicaise qui tua 26 personnes et en blessa 56. Le 24 nivôse an IX (24 décembre 1800), Bonaparte se rendait à l’opéra dans sa voiture qui passa quelques minutes avant l’explosion de la « machine infernale ». Complot royaliste, l’attentat de la rue Saint-Nicaise est évoqué par des gravures, par le rapport de Dubois et par différents documents concernant Georges Cadoudal, le principal suspect : registre d’écrou à la prison du Temple daté du 18 ventôse an XII, rapport de Dubois sur la mort de l’inspecteur Buffet tué par Cadoudal lors de son arrestation, portefeuille de ce dernier, morceau de la platine du pistolet pour la mise à feu de la machine, etc. Le complot Arena qui visait lui aussi le Premier Consul est également évoqué ici.

L’affaire de l’incendie de l’ambassade d’Autriche le 1er juillet 1810 marqua la chute du préfet Dubois (il était absent alors que l’Impératrice Marie-Louise se trouvait dans le bâtiment). Il fut remplacé par Etienne-Denis Pasquier qui fit la preuve de son incompétence avec l’affaire Malet. Après celle-ci, la Garde municipale de Paris fut dissoute et remplacée par la Gendarmerie impériale. Gravures, écrits et plaques rappellent ces événements.
D’autres documents évoquent un épisode plus heureux, la naissance du Roi de Rome. Des ordonnances diffusées sous forme d’affiche imposaient l’illumination des façades et l’interdiction de la circulation lors de la célébration de l’événement ou encore réglementaient l’entrée dans Paris des pierres destinées à la construction du palais du Roi de Rome à Chaillot. Cette partie consacrée à l’Empire s’achève avec le mandat d’arrestation de Fouché, le 18 mars 1815, et un peu plus loin avec un autographe du légendaire Vidoq.

Quelques vitrines sont dévolues au Second Empire. Des mannequins revêtus des costumes de sergent de ville, des plans de Paris avant et après l’annexion des communes suburbaines, un buste du préfet Boitelle, des éléments d’uniformes et des gravures font face à des croquis exécutés en cours d’Assise lors du procès Orsini suite à l’attentat dirigé contre Napoléon III et Eugénie, le 14 janvier 1858. Il est à noter une reproduction de la bombe qui tua 8 personnes et en blessa 50.

Karine Huguenaud

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