Situé dans la quartier latin à proximité de la cathédrale Notre-Dame, le Musée de l’Assistance Publique est installé depuis sa création dans l’Hôtel de Miramion, attribué à François Mansart. Dès 1674, cet ancien hôtel particulier s’est trouvé associé à l’histoire hospitalière de Paris en abritant tout d’abord la communauté des Filles de Sainte-Geneviève dévouées aux soins des pauvres puis, en 1812, la Pharmacie Centrale des Hôpitaux.
Créé en 1934, le musée de l’Assistance Publique est le seul musée parisien à rendre compte de l’histoire hospitalière depuis le Moyen-Age jusqu’à nos jours. Il conserve une collection de plus de 5 000 objets, issue d’une politique de sauvegarde du matériel hospitalier ainsi que d’achats, de dons et de legs. Le parcours débute par un historique. Aux origines de l’hôpital se trouve la charité chrétienne pratiquée par l’Eglise au travers des fondations hospitalières.
La création de l’Hôtel-Dieu remonte ainsi au milieu du VIIe siècle à l’instigation de l’évêque de Paris, Saint Landry. Les ordres religieux, notamment à la suite des grands pèlerinages et des croisades, multiplièrent les établissements hospitaliers, mais il fallut attendre le XVIIIe siècle, alors que la population et les besoins de santé augmentaient, pour voir apparaître de nouveaux hôpitaux : hôpital Cochin et hôpital Saint-Jacques en 1780, fondation Beaujon Necker venaient suppléer l’Hôpital général institué par Louis XIV en 1670.
L’administration et la vie quotidienne de ces établissements sont ensuite présentées ainsi que les grandes figures de charité à l’instar de Saint Vincent de Paul. Un thème dramatique, celui de l’abandon des enfants, fait l’objet d’une longue évocation. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la pratique la plus courante pour abandonner un bébé était « l’exposition » ; plusieurs villes mirent en usage le « Tour d’abandon » dont l’existence fut rendue officielle par un décret impérial de 1811 : il s’agissait d’une petite construction circulaire avec une ouverture et un plateau tournant sur lequel la mère déposait l’enfant ; en faisant pivoter ce plateau, le bébé se retrouvait de l’autre côté, directement dans l’établissement hospitalier où il était recueilli. Le musée en conserve un exemplaire, celui de l’hôpital d’Uzès dans le Gard, ainsi que des signes de reconnaissance (lettres et objets divers) laissés par les parents. L’usage en fut interdit en 1861 et une loi de 1869 attribua la prise en charge des enfants trouvés aux Départements.
La fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle furent propices aux réformes. Les assemblées révolutionnaires puis l’Empire prirent de nombreuses décisions transformant le statut et le fonctionnement des institutions hospitalières. En 1801 fut créé le Conseil général des Hôpitaux et Hospices civils de Paris tandis que les trois grandes institutions de l’Ancien Régime (Hôtel-Dieu, Hôpital général et Enfants trouvés) étaient réunies. En 1802 et 1803, deux décrets instituèrent le corps des externes et des internes des hôpitaux. La réorganisation se poursuivit en 1849 avec la nomination d’un directeur général de l’Assistance publique, Davenne (1789-1869), remplaçant l’ancienne direction collégiale trop sujette aux conflits.
Mobilier hospitalier, instruments médicaux et chirurgicaux ( « trousse » chirurgicale de G.Dupuytren (1777-1835) : magnifique boite à cinq tiroirs incrustée d’ivoire et de métal), objets de pharmacie, peintures, gravures, sculptures (bustes de Bichat, Delessert, Dupuytren), manuscrits, traités médicaux et documents d’archives forment les collections de ce musée d’ethnologie et d’histoire de l’hôpital.
Karine Huguenaud (2001) ; mise à jour : mai 2024