Musée d’Orsay – Paris

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Musée d’Orsay – Paris

Limité par deux dates charnières de l’histoire de France, 1848-1914, le programme muséologique du musée d’Orsay fait une large place à l’art du Second Empire (1852-1870). Conformément à ses objectifs premiers, il a l’ambition d’évoquer toute la diversité artistique de la période à travers une présentation interdisciplinaire : peinture, sculpture, architecture, arts décoratifs se répondent au fil de salles ouvertes les unes sur les autres afin de mettre en évidence ces correspondances.

L’ensemble des collections relatives au Second Empire sont réparties au premier niveau du musée consacré à la période 1848-1875.

L’allée centrale, entièrement réservée à la sculpture, débute avec une évocation du romantisme incarné par Rude. Son Napoléon s’éveillant à l’immortalité est une commande d’un fidèle de l’Empereur défunt, le Capitaine Noisot, qui fit installer le bronze dans le parc de sa demeure à Fixin. C’est le Second Empire qui confère au mouvement finissant une certaine consécration par le biais des commandes et des achats d’Etat. La statue de Napoléon Ier en empereur romain de Barye illustre le courant néoclassique largement développé par Cavelier durant tout l’Empire. D’autres artistes puisent leur inspiration dans les styles du passé. Un groupe de jeunes sculpteurs surnommé les Florentins se tourne ainsi vers la Renaissance. L’orientalisme s’impose peu à peu : goût de l’exotisme, réalisme et polychromie se conjuguent dans de luxueuses réalisations caractéristiques du goût de l’époque (bustes de nègres par Cordier).

Un autre courant de la sculpture est illustré par Carpeaux. Rompant avec l’Académisme en vigueur, il développe un réalisme expressif très apprécié par la cour impériale. Sans en être le portraitiste officiel, il réalise quelques vivantes esquisses de Napoléon III et de l’Impératrice, des bustes et reçoit en commande la statue en pied du Prince impérial avec son chien Néro. Il participe également à la décoration des grands chantiers du Second Empire : celui du Louvre avec des groupes sculptés pour le pavillon de Flore et celui de l’Opéra avec La Danse, ronde frénétique qui fit scandale lors de son installation en 1869. La salle consacrée à l’Opéra est justement située à la suite de cette galerie de sculptures. Elle présente un plan relief du quartier en 1900 particulièrement intéressant pour comprendre l’insertion du monument dans l’urbanisme haussmannien, une maquette en coupe longitudinale du bâtiment et de nombreux documents relatifs à sa construction et à sa décoration. D’autres évocations de l’architecture du Second Empire sont présentées près de cette salle.

De part et d’autres de l’allée centrale se répartissent deux longues séquences présentant du côté gauche la peinture réaliste jusqu’aux débuts de l’impressionnisme et, du côté droit, l’héritage du romantisme et du néoclassicisme incarné par quelques œuvres tardives de Delacroix et de Ingres. L’éclectisme et le symbolisme prolongent ce parcours. Trop de chefs-d’œuvre sont concentrés dans ces espaces pour pouvoir les citer tous. Evoquons simplement quelques aspects des différents courants picturaux. Tout comme en sculpture, les styles foisonnent : académisme, réalisme modéré, naturalisme et orientalisme triomphent aux Salons et aux Expositions universelles, ces manifestations qui rythment la vie artistique du Second Empire. Les œuvres de Baudry, Bouguereau, Breton, Cabanel, Delaunay, Gérôme, Hébert, Belly, Fromentin ou Guillaumet sont particulièrement prisées par la nouvelle bourgeoisie sans toutefois atteindre l’éclatante notoriété de celles de Meissonier. A l’opposé de ces artistes officiels, d’autres font scandales : Millet, Courbet, qui voit son Enterrement à Ornans et L’Atelier refusés à l’Exposition universelle de 1855, et surtout Manet. Le Déjeuner sur l’herbe défraie la chronique lors de sa présentation au légendaire Salon des Refusés en 1863, enfin Olympia déchaîne la haine des critiques et du public au Salon de 1865.

L’Ecole de Barbizon et la peinture de plein air, magnifiquement représentées au musée d’Orsay, accèdent à une certaine reconnaissance sous le Second Empire – des toiles de Rousseau et de Corot sont achetées par l’Etat et Boudin expose avec succès ses petites études des plages de Deauville et Trouville – tandis que d’autres paysagistes, comme Jongking, se heurtent toujours à la rigueur de la censure. La peinture impressionniste naissante se heurte en revanche à l’incompréhension générale même si quelques œuvres furent acceptées au Salon (Réunion de famille par Bazille).

Karine Huguenaud

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