Musée du Service de Santé des Armées – Val-de-Grâce

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Musée du Service de Santé des Armées – Val-de-Grâce

Le magnifique ensemble architectural du Val-de-Grâce est en France le symbole par excellence de la médecine militaire. L’Ecole d’application du Service de santé des armées, le musée du même nom, les archives et la bibliothèque qui y sont installés, constituent en effet un centre d’enseignement complet auquel se rattache le nouvel hôpital militaire composé de 13 cliniques spécialisées.

A la naissance de son fils, le futur Louis XIV, Anne d’Autriche ordonna en 1638 la construction de l’église du Val-de-Grâce en exécution d’un vœu qu’elle avait fait. Commencé par François Mansart, l’édifice inspiré du baroque romain, fut poursuivi et achevé par Le Mercier, Le Muet et Le Duc. En 1655 débuta la construction du couvent qui jouxte l’église et qui abrite aujourd’hui le musée du Service de santé des Armées. Désaffecté en 1790, le Val-de-Grâce fut dévolu aux armées par un décret du 31 juillet 1793 et transformé en hôpital d’instruction militaire par la Convention en 1795. Ouvert en 1796, cet hôpital devint l’Ecole d’application du Service de santé militaire fondée par décret du 9 août 1850. Tous les grands médecins militaires depuis Larrey et Percy jusqu’à Vincent sont passés entre ces murs imposants.

Les origines du musée du Service de santé des armées remontent au XIXe siècle. Simple cabinet d’anatomie à vocation pédagogique, il s’enrichit progressivement grâce à des legs tel celui d’Hippolyte Larrey (1808-1895) composé de nombreux ouvrages et d’objets ayant appartenu à son célèbre père (épée donnée par Napoléon Ier après la bataille d’Eylau, tableaux, uniformes), avant de devenir le conservatoire du patrimoine de l’ensemble du Service de Santé des armées. Complètement restructuré et restauré à partir de 1990, il fut inauguré en partie en 1993 à l’occasion du bicentenaire de l’installation du Service de santé au Val-de-Grâce (salles d’exposition temporaire) et l’ouverture au public eu lieu au début de 1998 (salles d’exposition permanente).

L’accès au musée se fait par un splendide escalier d’époque Louis XIII qui conduit au premier étage du cloître. La visite s’articule autour de quatre sections au parcours muséographique remarquable. La première expose la spécificité et l’évolution historique du Service de santé des armées depuis la période révolutionnaire et le Premier Empire jusqu’à l’époque actuelle. Elle donne lieu à une évocation du baron Dominique Larrey (1766-1842), professeur de clinique chirurgicale au Val-de-Grâce, chirurgien en chef de la Garde impériale puis de la Grande Armée, inspecteur du Service de santé et membre de l’Académie de médecine. Etats de service de 37 années de carrière, thèse soutenue en 1786, uniforme, trousse de chirurgien, épée d’honneur offerte par l’Empereur après Eylau – la première arme d’honneur jamais donnée à un officier du Service de santé, modèle réduit de la célèbre ambulance volante, etc.

Une reconstitution grandeur nature d’une leçon d’anatomie chirurgicale à l’Ecole d’application de la Médecine impériale nous projette sous le Second Empire. De nombreux uniformes de chirurgien, de médecin, de vétérinaire, des armes et des décorations complètent ce panorama consacré aux personnels. Il est à noter une belle série de gouaches réalisées en 1917 par Jean-Dominique Benderly, mobilisé au Val-de-Grâce durant la Première Guerre mondiale, qui retrace l’histoire des uniformes des médecins, chirurgiens, pharmaciens, officiers d’administration du Service de santé des Armées. La mission de soutien des forces armées est ensuite détaillée : les premiers secours et le ramassage des blessés (à noter un important tableau de Jules Rigo représentant Napoléon III visitant les blessés de Montebello à l’ambulance de Voghera durant la campagne d’Italie en mai 1859) ; le poste de secours ( « Le baron Larrey dans une ambulance pendant la bataille d’Eylau » ); le centre de triage ; les évacuations ; les hôpitaux de campagne et les hôpitaux de l’armée.

La deuxième section du musée présente la recherche scientifique dans le Service de santé des armées. Les guerres napoléoniennes permirent de considérables avancées de la chirurgie dans des conditions atroces : la trépanation et l’amputation faisaient partie du quotidien tragique de nombre de médecins (« Dominique Larrey amputant le capitaine Rebsomen à la bataille de Hanau (30 octobre 1813) ») tandis que certains prônaient la chirurgie conservatrice tel Pierre-François Percy (1754-1825) (buste par David d’Angers). Anesthésie, transfusion sanguine, radiologie, psychiatrie, etc.sont quelques unes des spécialités médicales dont les progrès ont souvent été engendrés par les conflits armés.
La troisième section du musée illustre la participation du Service de santé des armées au monde civil et la quatrième section est consacrée à l’hygiène et à la prévention des maladies infectieuses. Chacun des thèmes de ce parcours est approfondi par des productions audiovisuelles de grande qualité.

Karine Huguenaud

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