Situé dans le quartier de la Muette entre le parc du Ranelagh et le Bois de Boulogne, le musée Marmottan est installé dans un hôtel particulier de style Empire qui a su conserver le charme d’une demeure privée. Ancien pavillon de chasse construit pour le maréchal Kellermann, l’ hôtel fut acheté en 1882 par Jules Marmottan qui voyait là le lieu idéal pour installer ses collections d’œuvres d’art consacrées notamment à l’épopée napoléonienne.
Son fils, Paul Marmottan (1856-1932), historien d’art et collectionneur passionné, y installa son bureau-bibliothèque dans un décor néoclassique en accord avec son goût pour l’Empire. Il consacra sa vie entière à l’étude de cette période : voyages et recherches contribuèrent à lui fournir une documentation considérable utilisée dans nombre de ses publications historiques et artistiques. En 1921, il acquit une demeure à Boulogne à la seule fin d’abriter les milliers d’ouvrages de sa bibliothèque. Grand érudit et philanthrope, Paul Marmottan mena une politique d’acquisition très cohérente en « sauvant », comme il le disait lui même, des œuvres en majorité exécutées pour Napoléon et sa famille. En 1932, il légua ses deux hôtels particuliers et ses collections à l’Académie des Beaux-Arts. Cette dernière ouvrit le musée Marmottan au public en 1934. De nombreuses donations ont singulièrement transformé la vocation de ce musée, voué à l’origine au souvenir napoléonien, en un haut lieu de l’Impressionnisme. Le musée Marmottan possède en effet la plus importante collection au monde de tableaux de Claude Monet.
Outre une remarquable collection d’enluminures et de nombreux chef-d’œuvres impressionnistes, le musée Marmottan abrite un ensemble exceptionnel de peintures, de meubles et d’objets d’art de style Empire. Les salles du rez-de-chaussée ont toutes conservé un décor en harmonie avec les collections qui y sont présentées. On peut notamment y voir une série de tableaux exécutée par Vernet et Bidauld sur les châteaux impériaux. S’ouvrant sur le jardin intérieur, un petit salon rond accueille dans un beau cadre Empire où alternent frises et pilastres une pièce d’exception : une pendule géographique exécutée à la manufacture de Sèvres en 1813. Conçue à la gloire de Napoléon, elle fut modifiée sous la Restauration : la tête de l’Empereur fut remplacée par celles de Diane et d’Apollon tandis qu’une évocation des fuseaux horaires se substitua aux diverses scènes impériales prévues.
Les autres salles présentent de belles œuvres parmi lesquelles des tableaux de Gérard (Portrait de Désirée Clary), de Favre (La duchesse de Feltre et ses enfants) ou de Kinson (Catherine de Westphalie) retiennent plus particulièrement l’attention. Il est à signaler également de magnifiques meubles exécutés par Jacob-Desmalter ou Bellangé.
La visite se poursuit au premier étage avec des tableaux qui montrent l’intérêt de Paul Marmottan pour les paysages et les architectures du Premier Empire : œuvres d’artistes mineurs, ces toiles, dessins ou aquarelles n’en sont pas moins des témoignages irremplacables sur des lieux aujourd’hui disparus ou méconnaissables. A ne pas manquer, le lustre aux Musiciennes, œuvre de Thomire qui appartenait à Talleyrand et la rotonde où est présentée une galerie de portraits peints par Boilly.
Karine Huguenaud (2001)