Château où se sont succédés les rois de France depuis le Moyen Âge, Fontainebleau fut épargné pendant la Révolution mais son mobilier fut entièrement détruit ou vendu. Napoléon lui rendit sa vocation de demeure « souveraine » en lançant une importante campagne de restauration et de remeublement. Pour recevoir la cour, près de 600 appartements furent prévus et réaménagés grâce aux réserves du Garde-Meuble, aux commandes passées aux ébénistes (Jacob-Desmalter…) et aux tapissiers (Baudoin, Legendre, Decors…).
C’est à Fontainebleau que Napoléon reçut le pape Pie VII venu à l’occasion du sacre. L’Empereur y effectua ensuite de rares séjours entre deux campagnes au printemps 1805 et à l’automne 1807, 1809 et 1810. De 1812 à 1814, il y retint à nouveau le pape, cette fois prisonnier, puis passa ici ses derniers jours avant l’abdication du 6 avril 1814.
Il quitta Fontainebleau le 20 avril après la légendaire cérémonie des Adieux, prononçant devant ses soldats rassemblés dans la cour du Cheval blanc une allocution qui s’achèvait ainsi : « Adieu, mes enfants ! Je voudrais vous presser tous sur mon coeur ; que j’embrasse au moins votre drapeau« . Ce qu’il fit avant de monter dans sa voiture et de partir pour l’Ile d’Elbe.
Au sein des Grands appartements, la principale modification fut la transformation de l’ancienne chambre du roi en salle du Trône en 1808 sur des dessins de Percier et Fontaine. C’est aujourd’hui l’unique salle du Trône napoléonienne existant encore avec son mobilier. Le Grand salon et la chambre à coucher de l’Impératrice présentent également un état Premier Empire. L’appartement intérieur de Napoléon fut complètement réaménagé à partir de 1804. La pièce la plus spectaculaire reste la chambre de l’Empereur qui fut ensuite la chambre à coucher de tous les souverains jusqu’en 1870. La petite chambre à coucher, le salon particulier dit « salon de l’Abdication », le « passage des bains », le salon des Aides de camps constituent la suite d’un appartement magnifiquement restauré de 1987 à 1995. Les Petits appartements de l’Empereur et de l’Impératrice installés au rez-de-chaussée sous la galerie François Ier furent aménagés en 1808 et 1810 et réservés à l’usage personnel du couple impérial.
En 1979, suite à une importante donation du prince Napoléon et de la princesse Marie-Clotilde, une redistribution des collections napoléoniennes s’est opérée au sein des musées nationaux. Un musée Napoléon Ier fut alors créé au château de Fontainebleau avec pour vocation de présenter l’Empereur et sa famille. Le musée est installé dans l’aile Louis XV elle-même restaurée en 1810 par Napoléon après avoir été de 1803 à 1808 le siège de l’Ecole spéciale militaire, future Ecole Saint-Cyr. Le programme muséographique présente successivement l’Empereur et Joséphine avec une évocation du faste entourant le pouvoir impérial, Marie-Louise, le Roi de Rome, Madame Mère ainsi que les frères et les sœurs ayant joué un rôle au cours de cette période. Pour intégrer portraits, souvenirs personnels, armes, pièces de porcelaine, d’orfèvrerie et d’habillement dans un décor palatial, une attention toute particulière a été réservée au choix des tissus garnissant murs et sièges.
Le Second Empire est également présent à Fontainebleau. De 1852 à 1870, le château retrouva son statut de résidence impériale dont témoignent aujourd’hui la galerie de Diane convertie en bibliothèque et le musée Chinois de l’Impératrice Eugénie installé dans les salons Napoléon III restaurés et inaugurés en 1991. Il présente dans une atmosphère chaleureuse caractéristique de l’époque, une étonnante collection d’art oriental provenant des butins raflés lors de la campagne franco-anglaise de 1860 au palais d’Eté des Empereurs de Chine près de Pékin et des cadeaux offerts par les ambassadeurs siamois lors de leur réception à Fontainebleau le 21 juin 1861. La présentation actuelle respecte l’installation qui avait été personnellement dirigée par l’Impératrice.
Karine Huguenaud
Le parc de Fontainebleau a bénéficié d’un mécénat de la Fondation Napoléon lors de la tempête du 26 décembre 1999.