Lors de l’Exposition émilienne de 1888, un « temple du Risorgimento » connut un tel succès public que le Conseil communal de Bologne prit la décision de créer un musée permanent effectivement inauguré le 12 juin 1883 dans une salle du musée municipal. Comme les autres musées consacré au Risorgimento en Italie, celui-ci avait une double vocation : inculquer à la population et en particulier aux jeunes générations les idéaux patriotiques et favoriser la recherche historique sur un passé récent. Une bibliothèque et un centre d’archives permirent de recueillir un matériel documentaire varié destiné en priorité aux étudiants.
En 1990, le musée s’installa dans un nouveau bâtiment, la « Casa Carducci », à l’origine un petit oratoire du XVIe siècle restructuré au XVIIIe et transformé à l’époque napoléonienne en habitation civile. Les limites chronologiques du musée furent alors fixées, 1796-1918, et le parcours de la visite divisé en cinq grands chapitres : l’ère napoléonienne, la restauration, l’épopée du Risorgimento, l’unité italienne et Bologne en guerre.
La première section du musée débute par une importante évocation de la Première campagne d’Italie. L’entrée des troupes françaises dans Bologne sous le commandement du général Augereau le 18 juin 1796 constitue un épisode fondamental de l’histoire de la ville. Avec elles, c’est tout l’idéal révolutionnaire qui pénètre dans la cité bientôt bouleversée par de profondes restructurations administrative et militaire. Différents documents témoignent de cet héritage direct qui transforma radicalement la société bolonaise. Des brochures de 1796 et 1797 rappellent la confiscation et la vente des biens ecclésiastiques, la constitution de la République Cisalpine, la diffusion des idéaux républicains ou l’introduction en Italie de l’heure dite « à la Française ». Des estampes montrent la plantation des arbres de la Liberté et la destruction publique des symboles aristocratiques. Une proclamation du gonfalonier de Bologne menace ainsi tous ceux qui n’auraient pas fait disparaitre armoiries et autres blasons de leur demeure. D’autres brochures et gravures à sujet allégorique illustrent la résistance contre-révolutionnaire vers 1799.
L’ère napoléonienne est évoquée par l’institution de la Garde nationale et par son drapeau vert, blanc, rouge. Un étendard de la garde d’honneur offert à Napoléon par la municipalité en 1805 et quelques statuettes de l’Empereur complètent cette présentation où se détache plus particulièrement une belle collection d’armes ayant appartenu à Murat. C’est sur la volonté de sa fille Letizia, épouse du marquis bolonais Guido Taddeo Pepoli, que cet ensemble fut légué à la ville. Il comprend un couple de fusils de chasse à deux coups et un pistolet à pierre à feu réalisés par Boutet en 1804, un couple de pistolets de la fabrique royale de Naples offert à Murat à l’occasion de son couronnement en 1808, des couteaux, un cimeterre utilisé à Aboukir, des épaulettes, cordons et ceinturons portés lors de la campagne de Russie et des médailles commémoratives de la conquête de Capri et de la création de l’observatoire astronomique de Capodimonte. Il est également à signaler dans cette section une série d’objets et d’insignes maçonniques du début du XIXe siècle.
Karine Huguenaud