A la fin du siècle dernier, Edward Libbey et son épouse Florence Scott créèrent le musée d’art de Toledo. Libbey, verrier de Boston, avait déménagé dans cette ville qui rassemblait toutes les conditions nécessaires à la bonne marche de son entreprise : sable de qualité, gaz naturel bon marché, emplacement stratégique pour les expéditions par train et par bateau. Les dotations séparées du couple Libbey continuent de représenter une importante source de revenus pour les opérations du musée et pour ses acquisitions. Georges Stevens et Nina Spalding Stevens, deux personnalités éminentes de Toledo, ont dirigé le musée et passé vingt-cinq ans à convaincre les habitants de Toledo que l’art était essentiel pour la communauté, en proposant des programmes éducatifs et culturels pour les adultes et les enfants.
Aujourd’hui, le musée comprend, en plus de l’importante collection historique de verres, une aile américaine, un département sur l’art du livre, une collection sélective d’art européen, le tout présenté dans un cadre spacieux et accueillant. Le baron Thyssen a dit de ce musée : « Le Toledo Museum of Art est aussi merveilleux pour ce qu’il n’a pas dans sa collection que pour ce qu’il a. » Les napoléoniens ne manqueront pas lors de leur visite les œuvres d’Antoine Jean Gros, récompensé de la légion d’Honneur pour son Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau. Gros avait remporté le concours pour l’exécution de cette peinture qui se trouve aujourd’hui au Musée du Louvre.
Napoléon et plusieurs de ses généraux dont Murat, Berthier, Bessières, Caulaincourt, Soult, Davout et le chirurgien chef Larrey figurent sur cette toile. A ne pas manquer également le coffre sculpté par Henry Auguste vers 1805. Le Second Empire est admirablement représenté dans ce musée. Le bronze argenté figurant Hébé et l’aigle de Jupiter d’Albert Carrier-Belleuse, signé et daté de 1858, fut exposé au Salon de Paris en 1859. La console de bronze exécutée par le même artiste pour La Païva, la plus célèbre des courtisanes du Second Empire, constitue d’ailleurs un des sommets de cette collection. Une autre pièce maîtresse du musée est un gigantesque cabinet, décoré par de splendides marqueteries de Joseph Cremer, qui fut exposée à l’Exposition Universelle de Londres en 1862.
Une dernière œuvre à ne pas manquer est un vase sur pied en porcelaine dure de Sèvres (1851-52), décorée d’émail et de dorures. Destiné aux résidences impériales, ce vase est caractéristique de la nouvelle esthétique mise en œuvre par la célèbre manufacture à la moitié du XIXe siècle.