Palais de Justice – Paris

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Palais de Justice – Paris
© Fondation Napoléon

L'île de la Cité abrite l'édifice qui demeure aujourd'hui l'un des plus anciens et des plus prestigieux bâtiments officiels parisiens, le Palais de Justice. Déjà, dans l'antiquité, le gouvernement romain avait élu domicile à cet emplacement, imité ensuite par les dynasties mérovingiennes et capétiennes. Quand les rois de France quittèrent progressivement le palais pour s'installer dans d'autres résidences, il devint le siège des cours souveraines et enfin le centre de tous les services judiciaires de la capitale. Cette évolution historique trouve son illustration dans l'architecture complexe du bâtiment qui s'étend du XIIIe siècle pour les parties les plus anciennes au XXe siècle pour les plus récentes.

La description qui suit porte plus particulièrement sur les aménagements du XIXe siècle. En effet, de grands projets d'extension du bâtiment furent engagés sous le Second Empire à l'initiative du ministère de la Justice et une grande partie de l'édifice date encore de cette époque.

C'est Louis-Joseph Duc (1802-1879) qui fut chargé de remanier et d'agrandir le Palais de Justice. Deux réalisations essentielles témoignent de son travail, la façade occidentale et la salle des Pas Perdus. Commencée en 1857 et achevée en 1869, cette salle dénommée également vestibule des Assises s'affirme comme le centre de la vie du palais. Incendiée pendant la Commune, elle fut reconstruite sur les mêmes plans. Elle se compose de deux immenses nefs rythmées d'arcades en plein cintre et donne accès à plusieurs chambres du tribunal civil entre autres la Chambre Dorée, survivance de l'ancien palais, restaurée en 1866, incendiée en 1871 et reconstruite dans son état du XVIe siècle par Duc. Cette chambre est particulièrement célèbre pour avoir abrité à partir d'avril 1793 le tribunal révolutionnaire qui y prononça notamment la condamnation de Marie-Antoinette.
 
De la galerie des Prisonniers et de la galerie Lamoignon, on accède à la galerie Duc et à la galerie Saint-Louis toujours reconstruite par l'architecte en 1866 pour enfin parvenir au vestibule de Harlay par lequel on pénètre dans la chambre civile de la Cour de cassation qui offre un rare et intéressant décor Second Empire. Le vestibule de Harlay correspond dans sa longueur à la monumentale façade de Duc qui fait face à la place Dauphine. On peut bien sur déplorer les proportions imposantes de l'ensemble peu en relation avec l'harmonieuse petite place, mais cette monumentalité nous parle des conceptions architecturales du Second Empire en matière d'édifice public. Duc a opté pour une façade inspirée des temples de Denderah et de Stratonice où de curieuses colonnes cannelées d'inspiration « égypto-dorique » imposent leur ordre colossal et encadrent des fenêtres à meneaux d'inspiration renaissance. Leur rôle n'est pas d'assurer le soutien de l'édifice conformément aux règles de l'architecture mais de décorer la façade et de masquer en partie la structure basée sur un système d'arcs et de voutes. Les trois escaliers et les statues drapées à l'antique contribuent à briser l'aspect trop monumental de la façade. La partie décorative est ici privilégiée par rapport à la partie fonctionnelle et l'une et l'autre sont traitées de façon indépendante.
 
Il est à noter quelques éléments décoratifs en relation avec le Premier
et le Second Empire. Des aigles impériales surmontant des « N » font office d'acrotères de chaque côté du bâtiment central et un médaillon figurant le profil de Napoléon Ier trouve place à l'extrémité supérieure du pavillon de droite, vers la Seine. Surmontant un cartouche faisant mention du « Code Napoléon », il fait pendant à un autre médaillon représentant un autre grand législateur, Justinien. Les effigies sculptées de Napoléon sur les bâtiments publics sont tellement rares que celles qui ont échappé aux destructions méritent d'être largement signalées. Une statue de l'Empereur en costume de sacre trône également dans le vestibule Harlay.

Karine Huguenaud

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