En 1860, le vieux village de Monceau ou de Mousseaux, près de Paris, fut annexé tout comme onze autres communes à la capitale. La plaine Monceau, qui n’était alors qu’un immense terrain vague qui s’allongeait de part et d’autre de l’enceinte des Fermiers généraux, fut bientôt l’objet d’une gigantesque opération immobilière à laquelle n’échappa pas la folie de Chartres, superbe jardin aménagé à la fin du XVIIIe siècle pour Philippe Egalité. Tandis que la moitié du parc était vendue au banquier Pereire, l’autre partie fut confiée au directeur du Service des Plantations et Promenades de la Ville de Paris, Adolphe Alphand.
Si cette opération suscita quelques critiques comme celles d’un certain Louis Lazare – il affirmait que Napoléon Ier s’était violemment opposé en 1808 à un démembrement du parc Monceau, les travaux entrepris par Alphand transformèrent rapidement l’ancien parc en un agréable jardin public et bientôt l’engouement fut général. Intégrant les ruines qui parsemaient l’ancienne folie de Chartres (la naumachie, le pont, la pyramide et l’obélisque), en introduisant de nouvelles comme une arcade de l’Hôtel de Ville, Alphand composa un paysage romantique propice à la flânerie et à la rêverie. Dans ses « Mémoires », Haussmann saluait cette réalisation qu’il considérait comme « la promenade la plus luxueuse et en mêmetemps la plus élégante de Paris« . De fait, la bonne société du Second Empirea dopta immédiatement l’endroit en érigeant dans le quartier ses plus beaux hôtels particuliers. Emile Zola a dressé dans « La Curée » un tableau particulièrement saisissant de cette bourgeoisie étalant son opulence autour du gracieux parc Monceau. K.H.
Pour retrouver l’histoire du parc Monceau et celle des autres espaces verts aménagés sous le Second Empire, n’hésitez-pas à flâner dans l’itinéraire Parcs et jardins : les promenades parisiennes du Second Empire.