En août 1806, l’architecte Auguste Famin (1776-1859), architecte en chef du château de Rambouillet, fut chargé de la reconstruction de l’hôtel du Gouvernement de Rambouillet, que Napoléon destina finalement à son fils, le Roi de Rome né en 1811. Prix de Rome en 1801, Famin avait séjourné à l’Académie française de Rome de 1801 à 1806. De retour en France, il avait assisté Fontaine dans les projets de travaux du château de Rambouillet, avant d’en devenir l’architecte en chef.
Commandé par Louis XVI à l’architecte Jacques-Jean Thévenin (1732-1813), parmi une série d’édifices royaux (bailliage, prisons, hôtel de la Vénerie), l’hôtel du Gouvernement fut construit entre 1784 et 1787. Il comportait un corps principal encadré de deux pavillons, de même hauteur (2 étages), chacun des pavillons étant prolongé jusqu’à la grande rue par une aile basse (un étage), constituant ainsi, sur la façade nord, la cour d’honneur. La façade sud s’ouvrait sur un jardin contigu aux jardins du château. Devenu bien national à la Révolution, l’hôtel fut vendu à Joseph-Yvon Paulian, député de Saint-Domingue vivant à Paris, qui vendit peu à peu des pierres du corps principal.
Le 28 floréal an XII (18 mai 1804), un sénatus-consulte intégrait ce qui restait de l’hôtel dans la liste civile de l’Empereur. L’hôtel du Gouvernement prit officiellement le nom de palais du Roi de Rome le 2 mars 1812.
Conservant le plan originel de l’ensemble, Famin s’inspira de l’architecture toscane, pour reconstruire le corps central et les deux pavillons, seules les ailes basses étant conservées. Sur les façades cour d’honneur et jardin, les baies du rez-de-chaussée étaient cintrées avec claveaux soulignés, celles de l’étage carrées, les niveaux entre les étages marqués par une corniche. Les angles saillants étaient marqués par des chaînes en harpe en fort relief. Le vestibule d’entrée était décoré de quatre colonnes doriques au rez-de-chaussée, et de quatre colonnes ioniques au premier étage. Un porche dorique à deux colonnes surmontait le perron côté cour, tandis qu’un grand balcon d’ordre ionique agrémentait le premier étage de la façade côté jardin. La cour d’honneur était fermée par un mur d’appui, surmonté d’une grille rythmée par des pilastres, ouvrant à deux vantaux. Le corps central était destiné à accueillir les appartements du roi de Rome et des pièces de réception, le pavillon et l’aile basse occidentaux les services de bouche et des pièces pour le personnel, le pavillon et l’aile basse orientaux le logement du portier et d’autres pièces pour le personnel.
Le roi de Rome ne séjourna pas dans cette demeure, qui fut occupée dès 1816 par le nouveau gouverneur de Rambouillet nommé par Louis XVIII, le duc de Sérent. Retiré de la liste civile du roi en 1832, l’hôtel du Gouvernement fut vendu à un particulier en 1835, le corps central détruit (entre 1836 et 1841). Seules subsistent aujourd’hui les ailes, dont la toiture et les façades ont été inscrites aux Monuments historiques en 1966, et pour partie classées en 1995 (aile ouest).
► Après plusieurs années de travaux, l’aile occidentale, qui appartient à la ville de Rambouillet depuis 1989 et accueille des expositions temporaires, a rouvert ses portes en mars 2013.
Outre la pérennisation de l’édifice (passivation des métaux employés, charpente, toiture), les travaux ont permis de mettre en valeur le style italianisant de l’édifice.
Sur la façade Ouest, les fenêtres du dernier étage, qui avaient été agrandies postérieurement aux dépens des décors d’encadrement, ont retrouvé leur dimension d’origine ainsi que leurs moulures. Sur la façade Sud, les décors en relief, qui avaient endommagé au fil du temps en raison d’une forte exposition aux intempéries, ont été également rétablis.
► Les façades et toitures de la partie sud de l’aile orientale de l’ancien palais du roi de Rome à Rambouillet (Yvelines) ont été classées d’office au titre des monuments historiques, par décret en Conseil d’État (février 2022). L’édifice est fermé depuis 2018 pour travaux. ► lire le communiqué de presse du ministère de la Culture (10 février 2022)
Irène Delage, mars 2013 ; mise à jour, février 2022