Route du Prince Impérial

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Route du Prince Impérial
© Fondation Napoléon

Napoléon Eugène Louis Jean Joseph, fils unique de l'Empereur Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, trouva la mort en Afrique du Sud en 1879 dans des circonstances tragiques. La province du KwaZulu Natal où eut lieu le drame a inauguré en 1995 une « route Napoléon » afin de rendre lui hommage.
 
Après Sedan, la famille impériale, contrainte à l'exil, s'établit en Angleterre, à Chislehurst, tandis que le Prince Impérial poursuivait ses études à l'Ecole militaire de Woolwich. Il en sortit en 1875 promu au grade de lieutenant. Prétendant bonapartiste, le Prince ne possédait cependant que des moyens d'action limités en raison de sa situation d'exilé, et la vie d'oisivité qui s'offrait à lui était loin de répondre à ses aspirations. N'avait-il pas déclaré à un camarade de l'armée anglaise : « J'ai soif de sentir la poudre » ? Ce désir d'engagement explique la détermination du jeune homme à l'annonce du désastre d'Isandhlawna en janvier 1879, une révolte des Zoulous qui coûta la vie à plus de 800 soldats et officiers de l'armée britannique en Afrique du Sud.   

 
Très rapidement, le Prince Impérial prit la décision de se joindre aux troupes envoyées en renfort. Il usa de toute sa force de persuasion pour convaincre sa mère et obtenir l'autorisation de la reine Victoria. Il quitta l'Angleterre le 27 février suivant pour rejoindre à Pietermaritzburg, près de Durban, la division du général en chef lord Chelmsford qui décida de l'attacher à son état-major en qualité d'officier-adjoint. Fin avril, la troupe se mit en marche pour gagner le pays Zoulou. Le 1er juin, le Prince fut désigné pour une reconnaissance au pied du mont Itelezi. Là, une attaque des Zoulous surprit le groupe. Dans la fuite générale, une courroie de la selle du cheval du Prince céda et il roula à terre. Louis resta seul alors face à ses agresseurs et les affronta avec un courage dont témoignèrent quelques temps plus tard les Zoulous vaincus : « Il ressemblait à un lion » diront-ils. Le corps du jeune homme, transpercé de 17 coups de sagaies, fut retrouvé le lendemain, embaumé et ramené en Angleterre où furent célébrées des obsèques militaires solennelles en présence de la Reine Victoria. Le Prince Impérial repose aujourd'hui à Farnborough.   
 
La route du Prince Impérial se présente comme un hommage rendu à ce dramatique destin. Elle passe par des monuments et des lieux fréquentés par le prince depuis son arrivée sur le sol sud-africain jusqu'à son décès le 1er juin. La résidence des gouverneurs du Natal à Pietermaritzburg accueillit le Prince Impérial en avril 1879 mais aussi l'Impératrice Eugénie lors du pélerinage qu'elle effectua en Afrique du sud en 1880. La chapelle Sainte-Marie construite en 1852 par des missionnaires français abrita le corps du défunt jeune homme les 8 et 9 juin 1879. C'est là également qu'il assista à sa dernière messe avant de partir pour l'expédition qui devait lui être fatale. La Fondation Napoléon a contribué à la restauration de cet édifice voué aujourd'hui à la réconciliation. Différents documents sont également exposés au Natal Museum de Pietermaritzburg ou au Voortrekker Museum. A l'extérieur de la ville, l'itinéraire continue sur la route de Greytown jusqu'à Dundee ou le Vryhen – étape à la Villa du Prince Impérial) et Utrecht. De Dundee, en passant par Nqutu et Nondweni, on arrive au lieu même du drame dans la Jojosi Valley. Au sein de ce paysage désolé, un monument commémoratif sous la forme d'un tumulus de pierres est surmonté d'une croix de marbre blanc sur laquelle une inscription rappelle les circonstances de la mort du Prince Impérial.
 
Karine Huguenaud

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