Bonabarta. Napoléon, une passion arabe ? (Essai)

Auteur(s) : YOUSSEF Ahmed
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La campagne d’Égypte de Napoléon eut des retombées importantes sur le monde arabe, en particulier sur le plan culturel et intellectuel. Elle a ouvert de nouvelles perspectives et a contribué à la naissance d’un nationalisme arabe qui s’est opposé à l’Empire ottoman. Cette campagne comprenait un raid scientifique visant à explorer et à cartographier la région. Deux chroniqueurs arabes de l’époque ont témoigné des apports scientifique des Français, comme l’arrivée de l’imprimerie en Orient.

Abdul Rahman Gabarti, né au Caire en 1754, a assisté à l’entrée solennelle de Bonaparte au Caire le 22 juillet 1798. Il relate le choc des cultures entre les Français et les Égyptiens qui s’est manifesté sous de nombreuses formes : « Selon lui [Gabardi], le vrai triomphe de Bonaparte sur l’islam a été curieusement d’une nature culturelle et scientifique, et non pas militaire. […] À la sortie des oulémas des laboratoires, ils ne seront en effet plus les mêmes car ils avaient mesuré le fossé les séparant non seulement des sciences nouvelles, mais aussi d’un monde en soi, où les limites n’étaient pas déterminées par la religion, un monde qui allait au-delà du sultan. […] Désormais, un espace non religieux pouvait exister sans être, pour autant, considéré comme impie ou impur ».

Nicolas Turc, né au Liban en 1763, a également joué un rôle important dans l’histoire de la campagne d’Égypte. Il rédigea Chronique d’Égypte, traduit un an après la mort de l’auteur en 1829 par Antoine Jérôme Desgranges. Il y dessine un portrait flatteur de l’Empereur et compose des odes à Napoléon. Sa connaissance de la culture locale a été très utile pour les Français une fois le livre traduit : ils ont ainsi pu mieux comprendre les coutumes et les traditions des Arabes. Nicolas Turc a été grandement marqué par la bataille d’Aboukir, et souligne toute l’ingéniosité de Bonaparte et le courage héroïque de la charge de cavalerie menée par le général Murat. 

Les témoignages des chroniqueurs arabes, retranscrits dans l’ouvrage d’Ahmed Youssef, nous permettent de percevoir toute l’importance de cette campagne dans l’histoire de la région. La troisième partie de l’ouvrage nous présente l’influence, durable, de Napoléon au sein de la culture arabe d’aujourd’hui, celle d’un véritable « héros de l’histoire, d’un libérateur et, surtout, d’un génie militaire » selon Ahmed Youssef.

Dans cet ouvrage captivant à bien des égards, les témoignages des deux chroniqueurs arabes, Abdul Rahman Gabarti et Nicolas Turc, nous plongent au cœur d’un événement historique fondamental, mettant en avant ses impacts scientifiques, culturels et intellectuels, et ce jusqu’à nos jours. 

Claudia Bonnafoux (juin 2024)

Bonabarta. Napoléon, une passion arabe ? (Essai)
© Passés/Composés

Présentation de l’éditeur

Napoléon est entré dans l’histoire du monde arabe en 1798, avec la campagne d’Égypte. Les Français en ont beaucoup parlé, mais qu’en ont dit les témoins arabes ? Pour la première fois, un historien égyptien, Ahmed Youssef, s’intéresse à cette question. Il relit l’aventure orientale de Napoléon en exhumant des sources de première main : les écrits d’Abdel Rahman Al-Gabarti, qui a côtoyé Bonaparte, Kléber et Menou ; ceux, très fameux, du chroniqueur chrétien libanais Nicolas Turc, qui revient sur la géniale fuite de Bonaparte au nez et à la barbe de la flotte britannique qui faisait le blocus des côtes. Au-delà de la célèbre campagne, Ahmed Youssef s’intéresse à la place de Napoléon dans la culture arabe et musulmane, l’histoire bien sûr, mais aussi la littérature, la poésie, le cinéma et même les séries télévisées. Il en tire une analyse aussi passionnante que paradoxale. En fondant l’Institut d’Égypte et en posant les bases d’une administration, Napoléon a laissé une trace indélébile.

Une enquête inédite et surprenante, qui soumet un mythe français à l’épreuve de sa postérité mondiale.

Sommaire

À la veille de l’arrivée de Bonabarta…

Première partie. Le témoignage de Gabarti : pièce à conviction ou à séduction ?
Chapitre premier. Un Égyptien chez Bonaparte
Chapitre 2. Une fête républicaine au Caire
Chapitre 3. Les cheikhs face à la science française
Chapitre 4. La République au contact du monde arabe
Chapitre 5. L’affaire des Égyptiennes
Chapitre 6. Portrait du « prétentieux Bonaparte »

Deuxième partie. Bonaparte dans le miroir d’un chrétien arabe
Chapitre 7. Le Bonaparte de Nicolas Turc
Chapitre 8. Une sévère critique de Bonaparte aux Égyptiens
Chapitre 9. Le récit arabe de l’évasion de Bonaparte
Chapitre 10. Un poème à la gloire de Napoléon

Troisième partie. Napoléon dans la culture arabe aujourd’hui
Chapitre 11. Adieu Bonaparte de Youssef Chahine
Chapitre 12. Le Napoléon des séries télévisées arabes
Chapitre 13. Traduire Napoléon, une nouvelle passion arabe
Chapitre 14. Le mythe de Napoléon, une nouvelle passion arabe
Chapitre 15. Ces Arabes qui s’appellent Napoléon, et ceux qui rêveraient de l’être
Chapitre 16. « Sur la tombe de Napoléon », poème épique du prince des poètes arabes
Chapitre 17. Un poison nommé napoléon

Année de publication :
2024
Lieu et maison d'édition :
© Passés/Composés
Nombre de pages :
160
Pour commander :
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