Déjà auteur d’un Appel au général Buonaparte: Robespierre cherche un sabre, Charles Leparmentier, passionné d’Histoire en particulier de la Révolution et du Premier Empire, revient avec une nouvelle novélisation mettant en scène Bonaparte, sous forme de tableaux mis en dialogues.
Présentation par l’éditeur
Hiver 1797-1798 à Paris sous le Directoire – le général Bonaparte, vainqueur à Arcole et à Rivoli, et signataire en octobre 1797 au nom de la République française du traité de Campo-Formio, est à Paris. Il est déjà célébré comme l’artisan du retour à la paix avec la Maison d’Autriche dans une France ruinée, où Directoire exécutif et Conseils des Anciens et des Cinq-cents se neutralisent mutuellement, et qui n’en a toujours pas fini avec la secousse de la Révolution. Pays où, par crainte du retour au dirigisme de l’an II, toute idée d’atteinte à la propriété est proscrite, et où on considère que « l’intérêt du pauvre est dans la richesse de son voisin ».A son retour du congrès de Rastadt, le général qui a entretenu une correspondance secrète pendant l’été avec Talleyrand, nouveau ministre des Relations extérieures, lui réserve sa première visite. Le ministre, soutien du jeune général contre le Directoire lors des négociations du traité de Campo-Formio, reprend ainsi le fil de ses échanges avec Bonaparte, au premier rang desquels figure la réforme de la constitution de l’an III après le coup d’Etat du 18 Fructidor et le moyen d’en finir avec l’Angleterre.Occasion aussi de rencontres avec Madame Germaine de Staël, fille du banquier Necker et femme de lettres en politique, qui ambitionne de devenir son égérie depuis les premiers succès de la campagne d’Italie, et qui est pour beaucoup dans la nomination comme ministre de son confident et ami Talleyrand, enfin en position de « faire une immense fortune ». Entreprise de séduction tant par le charme que l’intelligence, d’où la défense des intérêts matériels de l’intrigante n’est pas absente. Pléville-Le- Pelley est ministre de la Marine et des Colonies et membre du cercle constitutionnel, soutien affiché de la République directoriale se voulant à l’écart et du parti jacobin et des partisans du retour à la monarchie, comme un certain Benjamin Constant. Un intellectuel libéral opportuniste, autre ami et amant de Madame Germaine de Staël, avec laquelle il fait cause commune au plan politique. Bonaparte rencontre le ministre, tant la question de l’état de la flotte française est vitale, depuis l’échec de la conférence de Lille qui a remis au premier plan la rivalité avec la « perfide Albion ». Le projet de descente en Angleterre est à l’ordre du jour, Bonaparte se voyant confier le commandement en chef de l’armée par le Directoire, inquiet par ailleurs de son ambition politique de plus en plus difficile à cacher. La grandiose manifestation organisée au Luxembourg en son honneur le 10 décembre contribuera à déchirer un peu plus le voile. Nombreux sont dès lors ceux qui veulent à tout prix le voir éloigné de Paris.Après que son « ami » Barras, président du Directoire ait opposé une fin de non-recevoir aux ambitions directoriales de Bonaparte, c’est Charles – Maurice Talleyrand qui lui fera admettre que « la poire n’est pas mûre », et qu’il est trop tôt encore pour accéder au pouvoir suprême, en dépit de l’incapacité des Directeurs à assurer la stabilité politique d’un régime corrompu et condamné à l’impuissance par le jeu des institutions. La clé c’est un surcroît de gloire militaire, via un projet d’expédition d’Egypte caressé depuis l’Ancien régime par le ministre, et auquel Bonaparte est d’autant plus facilement rallié qu’il est depuis longtemps fasciné par l’Orient, et déjà convaincu que l’invasion de l’Angleterre ne pourrait qu’échouer.A l’issue d’une dernière mission d’inspection des côtes, la descente en Angleterre est annulée au profit de l’expédition d’Egypte, en dépit des derniers efforts entrepris début 1798 par Pléville-Le-Pelley, instruit par sa propre expérience militaire, pour dissuader Bonaparte qui n’écoute plus que son esprit de conquête…… La démission du ministre, à qui l’avenir ne tardera pas à donner raison n’y changera rien. L’armée d’Angleterre est devenue l’armée d’Orient, et Bonaparte en est aussi le chef.