Notre société s’inquiète à juste titre de la fausse nouvelle, la « fake news » en langage courant, et tente de lutter contre. Le phénomène est loin d’être nouveau et connut même un regain d’intensité dans les années 1814 – 1823. Dans un environnement devenu instable à cause des différents changements de régimes politiques, les rumeurs furent légions au point d’inquiéter très sérieusement les autorités. Propagée de manière incroyable, la fausse nouvelle d’un nouveau retour de Napoléon préoccupa plus que toute autre, comme le démontre l’excellente étude de François Ploux Bruit public récemment publiée aux éditions Champ Vallon. L’auteur nous livre en effet une belle synthèse sur le sujet, détaillant avec précision les moyens répressifs employés par le pouvoir pour empêcher la diffusion de ces « informations alternatives ». On l’ignore mais les sanctions prononcées furent nombreuses et particulièrement sévères. Elles furent cependant impuissantes à contenir l’envolée du mythe Napoléon que ces fausses nouvelles contribuèrent à créer. En définitive, réprimer sans discernement la rumeur ou lutter avec trop d’insistance contre elle la rend sans doute plus puissante encore, c’est l’une des leçons clefs de ce livre éclairant. À méditer pour aujourd’hui et demain. (P. Branda, directeur scientifique de la Fondation Napoléon)
Présentation par l’éditeur
La prolifération des rumeurs fut l’un des plus curieux symptômes de l’état de fermentation que connut la France entre le rétablissement des Bourbons en avril 1814 et la fin de l’automne 1816. Pendant plus de deux ans, l’espace public fut sans discontinuer parcouru en tous sens par des « fausses nouvelles » à caractère politique. Dans cette phase de transition chaotique, l’incertitude s’était installée : elle explique en partie le bourgeonnement des informations alternatives. Mais la particularité de cette séquence fut l’extraordinaire déferlement des nouvelles annonçant le retour de Napoléon en France. Cet ouvrage étudie comment le culte populaire du héros charismatique s’est forgé, dans ce contexte de multiplication des bruits politiques, comme une attente à caractère messianique.