David Chanteranne revient sur ici sur le rôle décisif des régions dans la construction de la nation. Il n’hésite pas à déconstruire la thèse selon laquelle l’histoire serait centralisée en menant une enquête de terrain et en interrogeant la force des lieux, les causes qui en ont fait des mythes ou bien celles qui ont causé leur oubli.
A noter pour le lecteur friand de la période napoléonienne, les deux chapitres consacrés à l’oncle et au neveu. Pour Napoléon Ier, l’auteur a choisit d’analyser l’événement des portes de Grenoble lors de son retour de l’île d’Elbe, « Jusqu’à Grenoble, j’étais un aventurier, à Grenoble, je suis redevenu un prince ! ». En partant de cet événement, le lecteur constatera la patrimonialisation mise en place autour de cet événement (mise en valeur de la route Napoléon, animations annuelles retraçant l’événement…). Pour Napoléon III, l’auteur retrace la venue de l’empereur à Nice, lors de la vague de travaux ferroviaires permettant à la ville d’être « connectée » au reste de la nation. Là encore, 160 ans après l’événement, la commémoration de cet événement rassemble beaucoup de monde dont les acteurs du réseaux des villes impériales.
Entre mémoire et mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel, David Chanteranne nous offre ici une véritable relecture de la construction de notre identité et de la nation.
(Camille Crunchant, doctorante en Histoire et Responsable d’édition scientifique à la Fondation Napoléon).
Il n’y aurait de France que parisienne. À l’image de notre pouvoir, l’histoire serait «?centralisée?». Or, de la fin de l’Antiquité au XXe siècle, les événements démontrent exactement le contraire. Les drames et les triomphes de la France ont eu, au moins à parts égales, pour théâtre la province et Paris. De la fondation de Marseille par les Phocéens à la rencontre du chancelier Adenauer et du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises, en passant par la libération d’Orléans par Jeanne d’Arc, l’entrée de Napoléon à Grenoble au début des Cent-Jours ou encore la défense de Belfort par Denfert-Rochereau pendant la guerre de 1870, David Chanteranne revient sur le rôle décisif et parfois méconnu des régions dans la construction de la nation. Outre de rappeler, avec verve et clarté, le récit de ces événements fondateurs, l’historien mène une enquête de terrain afin d’identifier ce qu’il reste, concrètement ou symboliquement, de ces vestiges du passé. Il interroge la force des lieux, les raisons de leur puissance, les causes qui en ont fait des mythes et, parfois, celles qui les ont fait oublier.
Biographie de David Chanteranne
Historien, rédacteur en chef de Napoléon Ier. Revue du Souvenir napoléonien, directeur du Patrimoine de la ville de Rueil Malmaison, David Chanteranne est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués sur le Premier Empire et Napoléon. Son dernier livre, Les douze morts de Napoléon, est paru en 2021 aux éditions Passés composés.
