Des chairs et des larmes. Combattre, souffrir, mourir dans les guerres de la Révolution et de l’Empire, 1792-1915

Auteur(s) : BRUYÈRE-OSTELLS Walter, POUGET Michel, SIGNOLI Michel
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Le conflit qui s’étala de 1792 à 1815 vit combattre, souffrir et mourir plusieurs centaines de milliers d’hommes à travers l’Europe. Longtemps l’Histoire fit la part belle à l’héroïsation du soldat et à la glorification de la guerre. La vision romantique l’emportait sur les souffrances du quotidien et les violences du champ de bataille.

Née de l’étude des conflits du XXe siècle, les études sur l’anthropologie des guerres napoléoniennes ont connu, ces dernières années, un important développement. Publications et colloques ont étudié les attitudes des soldats avant, pendant et après les combats sous un angle nouveau. Notamment un réexamen des mémoires et lettres de soldats a permis de s’approcher d’une certaine réalité de l’expérience combattante. Parallèlement à ces travaux, les découvertes se multipliant en Europe, une archéo-anthropologie des périodes récentes s’est développée. Les fouilles d’inhumations collectives de combattants des guerres de Vendée à la campagne de 1812 ont documenté de manière concrète les réalités de la guerre au début du XIXe siècle.

Ces développements méritaient une mise en commun des expériences et des approches qui ne pouvaient que s’enrichir mutuellement. Issu d’un colloque qui s’est tenu à Marseille en juin 2017, c’est à un véritable croisement des regards entre historiens et archéo-anthropologues qu’invite l’ouvrage Des chairs et des larmes. Une pluralité de regards y mette en résonnance les archives du sol et de l’écrit. Les différentes thématiques permettent de suivre les hommes du champ de bataille aux prisons et de l’hôpital ou l’asile au cimetière. Les souffrances du quotidien connues par les mémoires apparaissent sur les ossements dans leur nue vérité. Raconter la violence et la souffrance édulcore la réalité des vécues, qu’un crane perforé par une balle ou un os sectionné par amputation font entrevoir. L’étude des ossements et des restes archéologiques rendent finalement plus réelle les froides descriptions des officiers de santé ou les dénombrements de blessures retrouvés en archives. L’archéologie redonne ainsi un corps à des soldats parfois désincarné par 200 ans d’imagerie qui représente plus souvent le bel uniforme ou l’acte héroïque que la réalité des combats. Cependant la culture matérielle mise au jour par l’archéologie ne dit pas tous. Les ressentis, les maladies cutanées, les affections mentales ou les souffrances animales ne peuvent être mis en lumière qu’au travers des sources écrites.

Commune pour les périodes plus anciennes le dialogue entre histoire et archéologie peine à s’imposer pour les périodes récentes. Cette publication qui en fait état contribue à mettre en lumière l’apport des archéologues à l’étude des réalités guerrières du premier XIXe siècle.

Des chairs et des larmes. Combattre, souffrir, mourir dans les guerres de la Révolution et de l’Empire, 1792-1915
© Presses universitaires de Provence 2020

Présentation par l’éditeur

Cet ouvrage éclaire les souffrances liées aux conditions de vie et de combat des militaires dans les guerres de la Révolution et de l’Empire. Il offre un véritable croisement de regards entre études d’historiens spécialistes de la période et résultats de chantiers de fouilles menés par des archéo-anthropologues spécialistes des contextes funéraires à recrutement militaire. On aborde de façon concrète les souffrances quotidiennes du soldat : le manque de nourriture, l’usure des corps à force de marches, l’exposition aux maladies ou la dure condition du prisonnier sont documentés par les « archives du sol » de l’anthropologue comme par les sources administratives et du for privé de l’historien. L’analyse des blessures et de la mort au combat, sur mer comme sur terre, de la peur, des traumatismes psychiques qui en découlent, est faite à partir des traces osseuses et des récits des acteurs, contextualisés dans les mutations des sociétés en guerre de l’époque. Des nombreux morts laissés sur les champs de bataille aux représentations littéraires qui suivent, la vision esthétisante et héroïque de la guerre s’efface ici. Des campagnes vendéennes à Waterloo, en passant par la guérilla espagnole, elle laisse place à l’étude de la violence guerrière, subie comme exercée, du quotidien de campagne à la mort, par les acteurs des guerres révolutionnaires et impériales.

Table des matières

Année de publication :
2020
Lieu et maison d'édition :
Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence
Nombre de pages :
272 p.
Pour commander :
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