Marie-Hélène Baylac résume parfaitement un trait de caractère essentiel d’Hortense : « Son habitude de jauger les individus à l’aune de ses sentiments lui interdit, comme souvent, toute analyse politique ».
La fille de Joséphine, belle-fille de Napoléon, n’est donc pas une femme politique – contrairement à sa belle-soeur Caroline à Naples, elle ne cherchera pas à s’investir dans son royaume de Hollande – et on l’a souvent cantonnée à un rôle de pion sur l’échiquier du pouvoir. Son rôle ne serait que matrimonial, par son union avec Louis Bonaparte et dynastique, par la descendance qui en découle. Cette biographie vient nous montrer à quel point ce point de vue est réducteur : Hortense n’est pas une politicienne mais elle a baigné dès son enfance dans ce milieu et use de son instinct de survie pour y louvoyer au gré de relations familiales complexes. La lecture éclairante de sa relation privilégiée avec Napoléon est particulièrement intéressante lors de la rupture avec Joséphine ou lorsqu’elle cherche à se séparer de Louis au mieux de ses intérêts. La chute de l’Empire voit se déployer sa soif d’indépendance – et son habileté à l’obtenir, toute « bien déterminée à ne jamais passer de nouveaux liens » qu’elle est. La seconde partie de cet ouvrage devient ainsi un vrai roman d’aventures au fil de voyages en Europe et de rencontres intellectuelles avec les grands esprits et artistes de l’époque.
Une biographie au récit rythmé par un art de l’insertion fluide de citations y compris de sources inédites (certains échanges entre Hortense et Caroline Murat) et qui vient rafraîchir l’image d’une « reine, musicienne et mère » restée trop souvent falote. (M. de Bruchard)
Cet ouvrage fait partie de notre sélection de l’été 2016.
Ce livre a reçu le Prix spécial du Jury 2016 de la Fondation Napoléon.
Présentation par l’éditeur
Hortense de Beauharnais a souvent été réduite au simple rôle de belle-fille de Napoléon. Mariée à un homme qu’elle n’aime pas, assujettie aux obligations de la vie officielle, soumise aux rigueurs de l’exil, frappée par la mort de deux de ses fils et l’éloignement de son amant, la vie de la jeune femme aux yeux bleus semble marquée du sceau du malheur.
Elle est pourtant loin de s’en tenir à un second rôle. Tour à tour princesse, reine puis duchesse, endurcie par les épreuves, Hortense exercera son influence jusque dans l’exil où, retirée à Arenenberg, au bord du lac de Constance, elle reçoit les visiteurs qui affluent de toute l’Europe. Intensément mère, elle se bat en 1831, puis en 1836 pour sauver son fils, Louis-Napoléon, auquel elle inculque des valeurs qui contribueront à faire de lui l’empereur Napoléon III.
Puisant aux sources les plus larges, y compris les fonds d’archives d’Arenenberg et de Ravenne jusqu’alors inexploités, Marie-Hélène Baylac retrace avec brio la vie à la jonction de deux siècles de cette femme d’esprit au destin d’exception.