« Mrs Cameron, qui était photographe amateur, est la première personne à avoir eu l’intelligence de s’apercevoir que ses erreurs faisaient sa réussite, et à créer dès lors des portraits systématiquement flous. » (Coventry Patmore) Cette appréciation de 1866 du travail de Julia Margaret Cameron (1815-1879), trois ans après qu’on lui eut offert son appareil photo, est révélatrice du foisonnement d’alors, d’expérimentations de nombreux photographes, amateurs ou professionnels, hommes ou femmes, soit pour représenter au plus près la réalité, soit pour la révéler et la transcender, ce qui était l’arc créatif de Cameron. Considérée comme passéiste ou peu conventionnelle (portraits éthérés et allégoriques, sujets inspirés de la littérature, temps de pose long, technique peu exigeante), sa pratique était pour elle un espace de liberté créatrice, où elle se révéla pionnière par ailleurs sur bien des points, dont le fameux « flou ». Une pratique créative qu’elle sut mettre en valeur et faire connaître en exposant et en s’assurant de la commercialisation de ses portraits, notamment de personnalités célèbres. Irène Delage, cheffe du service Médiation et Documentation numérique de la Fondation Napoléon
Présentation par l’éditeur
Originale et hors du temps, l’œuvre de Julia Margaret Cameron, réalisée en à peine une décennie, entre 1864 et 1875, représente l’une des plus belles illustrations du souffle épique des débuts de la photographie. Célébrée à son époque pour ses portraits en gros plan, tout à la fois admirée et décriée pour son gout d’une mise au point légèrement floue, Cameron voyait dans chacune de ses images « l’incarnation d’une prière ».
Cet ouvrage présente plus d’une centaine de ses photographies, depuis ses premières expérimentations jusqu’à ses compositions allégoriques, ou d’inspiration littéraire, historique à plusieurs personnages, en passant par une impressionnante galerie de portraits de ses contemporains.