La France pouvait-elle gagner en 1870 ?

La vogue éditoriale est aux défaites françaises des Napoléon. Le bicentenaire de Waterloo y est pour beaucoup mais pas seulement. Aux éditions Economica, Antoine Reverchon revient sur un autre désastre, la guerre de 1870. L'angle choisi est novateur et inédit pour cette période de l'histoire de France. L'auteur fait en effet le pari de l'uchronie pour mieux éclairer cette campagne militaire. Pari hautement réussi. Réécrire l'histoire, sur le modèle des « what if » anglais, est un exercice sérieux à l'imagination rationnelle. Le livre revient d'abord en détail sur les forces et faiblesses des armées françaises et allemandes avant de décliner plusieurs scénarios basés sur des hypothèses crédibles. L'analyse est fouillée et précise. L'auteur parvient à démontrer que les réformes indispensables  pour égaler l'armée allemande étaient à la portée de la main de l'Etat-major français. Nos retards ou insuffisances en matière de commandement, d'artillerie ou de mobilisation des effectifs n'étaient donc pas insurmontables. Les inflexions nécessaires pouvaient même être réalisées pendant le cours de la guerre, ce que démontre là-aussi Antoine Reverchon. A la lecture de ce livre, on comprend donc que « tout n'était pas perdu d'avance » comme l'ont répété à satiété nombre d'auteurs. On rêve alors à cette autre fin proposée par l'auteur dans laquelle le territoire national reste épargné et la première guerre mondiale évitée. Le « que ce serait-il passé si ? » d'Antoine Reverchon met en scène une France victorieuse, loin de toute repentance ou défaitisme. Le propos est assez rare pour être souligné.  (Pierre Branda)
 
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