Un véritable manuel pour comprendre l’évolution du mouvement bonapartiste après la chute de l’Empire. Simple, précis et lumineux. On n’en attendait pas moins de l’auteur de la brillante biographie du baron Eugène Eschassériaux, éminence grise du bonapartisme, 1823-1906 (2004, éd. Le Croît Vif) ou celle non moins intéressante de Regnaud de Saint Jean d ‘Angély ou la fidélité à l’empereur (1760- 1819) (2015, éd. Le Croît Vif). (M. de Bruchard)
Présentation par l’éditeur
On croit souvent que la République a été établie après 1870 à la suite de grandes luttes électorales entre royalistes et républicain dont ces derniers seraient finalement sortis vainqueurs. Mais en réalité, les Français étaient massivement opposés à tout retour de la monarchie et l’avenir de la France ne pouvait se jouer qu’entre deux branches issues de la Révolution, acceptant toutes les deux les principes de 1789, le drapeau tricolore et le suffrage universel : la République et l’Empire.
Après les résultats électoraux catastrophiques durant l’année 1871, l’opinion bonapartiste reprit très vite des forces. Alors, pourquoi cet échec final ? Tout d’abord, le mouvement se devait de posséder un prétendant charismatique et audacieux capable de rassembler un vaste courant derrière lui. Après la mort de Napoléon III, en 1873, son fils, le prince impérial, redonna vie à l’idée impériale et l’on assista alors à une étonnante vague de succès électoraux. Mais sa mort en 1879, en Afrique du Sud, priva le parti d’un véritable chef. Après lui, le prince Napoléon (fil du roi Jérôme) s’avéra un fossoyeur du bonapartisme que son fils, le prince Victor, ne put redresser.
Le parti lui-même se divisa très vite en factions rivales que Rouher, le « vice-empereur » ne parvint jamais à rassembler autour de valeurs communes. Le soutien à Mac-Mahon et à l’« Ordre Moral » était aux antipodes du bonapartisme original. En s’unissant à la droite conservatrice, les bonapartistes perdirent à la fois leur originalité idéologique et leur électorat populaire qui va rejoindre le radicalisme et l’établir durablement dans les campagnes françaises. L’aventure boulangiste dans laquelle le parti s’engagea à corps perdu et qui lui donna un bref regain d’espoir signifia en réalité l’act de décès d’un courant de pensée qui a pourtant représenté une phase importante de l’évolution politique de la France mais qui ne sut pas s’adapter aux temps nouveaux ni présenter de perspectives d’avenir.
François Pairault est agrégé, docteur ès-lettres et maître de conférences honoraire d’histoire contemporaine à la faculté des lettres de Limoges. Spécialiste de l’histoire politique et sociale du bonapartisme, il a entrepris de longues recherches pour suivre et comprendre l’évolution de ce mouvement après la défaite de Sedan et jusqu’à la fin du XIXe siècle.