La rencontre entre Napoléon Bonaparte et Germaine de Staël – « l’Impératrice de la pensée », comme la surnomme Saint-Beuve – est-elle un rendez-vous manqué ? C’est la question complexe à laquelle Annie Jourdan tente ici de répondre et à l’occasion de laquelle elle nous propose, à nous lecteurs, de (re)découvrir la relation explosive entre ces deux personnages. C’est également l’occasion de revisiter, à la lumière de la « petite guerre » que se sont livrés ces deux personnalités pendant une quinzaine d’années, la vie tumultueuse, les amitiés et les amours de la fille de Necker. Dès leur premier face à face, le 3 janvier 1798, le ton est donné pour la suite. L’un craignant l’esprit dominateur de la dame et l’autre détestant les mesures répressives, les violences et les vengeances politiques, ils ne cesseront de s’opposer. Finalement frappée d’exil de 1803 à 1812, Madame de Staël découvrira la censure mais également les limites du pouvoir impérial. Ce qui est particulièrement intéressant dans le travail d’Annie Jourdan, c’est la façon dont elle met en lumière le fait que le conflit qui les oppose est autant lié à leurs divergences – leurs sensibilités et leurs principes sont radicalement opposés – qu’à ce qui les rapproche – tous deux sont des conquérants, épris de gloire, militaire pour l’un, littéraire pour l’autre. (Camille Crunchant, doctorante en Histoire et responsable des réseaux sociaux de la Fondation Napoléon)
Présentation par l’éditeur
Parmi les opposants à l’Empire, aucun ne fut aussi sévèrement traité que Germaine de Staël. De 1803 à 1812, l’auteure de Delphine et Corinne ou l’Italie fut bannie, confinée à quarante lieues de Paris puis condamnée à ne plus quitter son château de Coppet en Suisse.
Tout avait pourtant bien commencé et la jeune femme n’avait pas ménagé ses efforts pour séduire le Héros d’Italie. Jusqu’à ce jour du 3 janvier 1798 où leur premier face-à-face donna le ton à ce qui deviendra un affrontement sans fin entre l’Empereur et la femme la plus influente de son temps, au cœur de toutes les expériences, de toutes les réflexions sur les Lumières ou la Révolution. En suivant ce duo improbable, aventureux et impétueux, ce livre revisite la vie mouvementée de Germaine de Staël. Ses amours et ses amitiés éclairent la personnalité de celle que l’on a surnommée depuis l’impératrice de la pensée, éprise du grand général. Tout aurait dû rapprocher ces deux êtres, amoureux de gloire et désireux d’entrer dans l’histoire. Dans un récit vivant, Annie Jourdan raconte ce combat étonnant et méconnu. À l’épreuve du bannissement, Germaine de Staël fera la découverte de la censure et des limites du pouvoir impérial.