Ce livre s’inscrit dans le champ d’étude en pleine croissance qu’est l’« histoire globale ». Le « Vere Harmsworth Professor of Imperial and Naval History at the University of Cambridge », Christopher Bayly, récemment décédé, en était la figure de proue. Il était temps qu’un historien de la période napoléonienne se lance dans ce sillage.
Alexander Mikaberidze, historien du Premier Empire, spécialiste de l’histoire militaire et politique (en particulier de l’Europe de l’Est), tente brillamment de placer l’épopée dans son contexte global, dans le prolongement d’un XVIIIe siècle déjà marqué par une rivalité franco-britannique à une échelle mondiale. L’auteur nous dépeint un Napoléon – et auparavant une Révolution française – pensant et agissant dans une lutte planétaire contre l’Empire britannique en devenir. D’abord en Égypte, projet du Directoire, mais bientôt aussi avec l’expédition à Saint-Domingue et grâce à la vente de la Louisiane, projets désormais napoléoniens. Avec des investissements massifs des deux côtés de la Manche, la lutte franco-britannique se poursuit aux dépens des puissances ottomanes et indiennes, et des esclaves aux Caraïbes.
À la croisée d’Ulm, Trafalgar et Austerlitz, les tentatives militaires françaises en dehors de l’Europe prennent un sens nouveau sous la plume de l’historien et relèvent d’une gestion diplomatique post-Tilsit, tandis que celles des Britanniques se concentrent outre-mer (en Inde, Sud Afrique, aux Caraïbes). Napoléon en domptant non seulement la Russie mais aussi l’Autriche se mêle de leurs affaires : en Europe du Nord (Pologne, Suède, Finlande, Danemark), dans les Balkans (notamment Serbie et Provinces danubiennes), mais aussi au Moyen-Orient (Perse, Empire ottoman).
Alexander Mikaberidze considère également les questions autour de l’Amérique du Sud et en Extrême-Orient. Là, il traite des questions de commerce, d’empire décadents (portugais et espagnol) et des vieux partenaires français, néerlandais et portugais chassés de l’Inde et privés de relations avec la Chine à cause de la Grande-Bretagne. Il ne manque pas d’évoquer les questions australiennes et canadiennes, autres points de focalisation des affrontements franco-britanniques.
Cet excellent livre est le premier dans son genre d’essayer d’embrasser les questions mondiales posées par les rivalités européennes, principalement franco-britannique. Notons enfin la qualité de la traduction proposée par les éditions Flammarion. (Peter Hicks)
Présentation par l’éditeur
L’onde de choc provoquée par la Révolution française puis par l’Empire a longtemps fait oublier que les guerres napoléoniennes qui s’ensuivirent eurent des répercussions mondiales, loin de l’épicentre européen.
Dans cette synthèse magistrale, Alexander Mikaberidze met en lumière leurs incidences politiques, culturelles, diplomatiques et militaires à l’échelle planétaire. Partout, les grandes puissances rivalisèrent pour affirmer leur hégémonie, depuis l’Amérique jusqu’à l’Extrême-Orient.
Par leurs effets, directs ou indirects, ces guerres furent l’agent de transformation le plus puissant que l’histoire ait connu depuis la Réforme. L’ordre international s’en trouva durablement modifié, la carte du monde redessinée.
Richement documentée, précise, cette somme aussi passionnante qu’érudite est tout à la fois une œuvre aboutie en même temps qu’une extraordinaire contribution à notre compréhension de cette époque.
Austerlitz, Iéna, Wagram, Waterloo… Au-delà de ces noms légendaires, l’historien Alexander Mikaberidze invite à porter notre regard hors d’Europe. De l’Amérique à l’Extrême-Orient,
les guerres napoléoniennes ont eu des répercussions politiques, culturelles et militaires sur tous les continents. Elles ont bouleversé l’histoire et redessiné la carte du monde.
Une synthèse inédite et magistrale.