Les manières de Viollet-le-Duc. La forge d’une théorie de la restauration par la pratique est un ouvrage qui vise à rassembler et à analyser toutes les études réalisées sur l’approche de la « restauration » architecturale de Viollet-le-Duc (1814-1879). De l’analyse des premières critiques suscitées par son style novateur jusqu’aux interprétations les plus récentes, Bérénice Gaussuin explore les différentes facettes de la pratique créatrice de sa restauration de monuments architecturaux.
L’œuvre de Viollet-le-Duc s’inscrit dans une démarche de restauration archéologique, s’appuyant sur l’étude approfondie des monuments médiévaux, des vestiges subsistants et des documents d’archives. Cette approche lui permet de restituer une unité de style, de recréer une cohérence architecturale perdue. Mais elle comporte aussi une dimension profondément créative, par laquelle Viollet-le-Duc réinvente et réinterprète les édifices, les propulsant dans le présent tout en les revitalisant. Enfin, cette restauration est également qualifiée d’anthropologique, en ce qu’elle établit un dialogue fécond entre le passé et le présent. Les monuments du Moyen Âge, ressuscités par l’intervention de l’architecte, deviennent ainsi des vecteurs de transmission et de redécouverte d’une mémoire collective. C’est en croisant ces différentes perspectives – archéologique, créative et anthropologique – que l’ouvrage de Bérénice Gaussuin entend offrir une vision d’ensemble, une compréhension approfondie et nuancée de l’œuvre majeure de Viollet-le-Duc. Richement illustré de ses propres dessins, cet ouvrage se révèle être une « traversée de l’œuvre de Viollet-le-Duc » concernant toute la pratique de cet architecte visionnaire.
Architecte érudit, dessinateur exceptionnel, Eugène Viollet-le-Duc a laissé le souvenir d’un restaurateur abusif. Ce livre nous plonge dans un véritable tour de France architectural afin de dévoiler la forge de sa théorie de la restauration « sur le tas », au fil de ses chantiers sur des monuments connus (Saint-Denis, Notre-Dame de Paris) ou moins connus (Notre-Dame de Beaune, la porte Saint-André d’Autun). L’ambition du restaurateur s’avère multiple. D’abord conserver le monument dans une perspective archéologique, et opérer des ajouts créatifs dans l’esprit des bâtisseurs d’origine afin de le compléter et le maintenir en usage. Mais aussi faire renaître à travers le chantier les savoir-faire et les valeurs médiévales au cœur de ce XIXe siècle troublé.
Sommaire
• Les premières expériences du tas (1839-1845)
• L’ancienneté contre l’usage (1844-1847)
• Les nouveaux restaurateurs (1843-1845) : Lassus et Viollet-le-Duc à Notre-Dame de Paris
• Instaurer des règles communes : l’Instruction pour la conservation, l’entretien et la restauration des Édifices diocésains (1849)
• Conservation présentiste (1851)
• L’architecture médiévale dans un état complet (1853-1868)
• Synchronie de la restauration (1866)