Dans une démarche résolument féministe, l’historienne québécoise Christine Piette, connue pour ses travaux, entre autres, sur Les classes populaires parisiennes de la première moitié du XIXe siècle, s’attache dans ce nouvel opus à l’autre moitié du siècle, se concentrant sur la population féminine ayant un travail salarié. L’auteure retrace les dures conditions de vie des ouvrières dans les ateliers, les manufactures et les boutiques ployant sous « l’exploitation patriarcale », petites mains sans qualification issues pour la plupart des campagnes et venues à Paris tenter leur chance et acquérir, pensaient-elles, un peu de liberté et d’aisance.
De 1840 à 1860, période étudiée, elles furent des dizaines de milliers à entrer dans un domaine économique que l’on liait traditionnellement au deuxième sexe : le ménage et le linge, la domesticité et les travaux d’aiguille. Les salaires étaient des plus médiocres, car considérés comme un appoint aux revenus familiaux. Christine Piette livre un vibrant hommage à celles qui maniaient l’aiguille, l’aiguille, toujours l’aiguille, et une ode aux blanchisseuses. La précarité de leur existence, leur isolement, les rendaient très vulnérables, pratiquant alors une prostitution épisodique ou non pour pouvoir survivre.
S’appuyant sur une vaste bibliographie, sur les données statistiques disponibles et un corpus iconographique soigneusement choisi, l’étude offre un panorama complet des travailleuses de la capitale en une intense période de développement économique.
Chantal Prévot, responsable des Bibliothèques de la Fondation Napoléon (mai 2025)
Présentation
Comment les Parisiennes ont pris part à la révolution industrielle ?
Dans le Paris en pleine mutation du milieu du XIXe siècle, la grande majorité des femmes travaille : à domicile, dans les rues, les manufactures et les ateliers, au service d’employeurs ou à leur compte. Leur contribution à la vie socio-économique de la capitale, longtemps sous-estimée par l’historiographie, se révèle pourtant essentielle et soulève un certain nombre de questions. Quelles sont les conséquences de l’industrialisation et des nouvelles formes d’organisation du travail sur la condition des femmes ? Existe-t-il des espaces de liberté en dépit de l’exploitation patriarcale ? Assiste-t-on aux prémices d’un féminisme moderne ? Cette synthèse inédite entend redonner aux Parisiennes toute leur importance au sein d’une période cruciale de l’histoire contemporaine.
Christine Piette est professeure émérite au département des sciences historiques de l’Université Laval (Québec). Elle a écrit Les Juifs de Paris (1808-1840). La marche vers l’assimilation et coécrit avec Barrie M. Ratcliffe Vivre la ville. Les classes populaires à Paris (1re moitié du XIXe siècle).
Année de publication :
2025
Lieu et maison d'édition :
Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS)