Présentation de l’éditeur
Champion des passés les plus révolus, chef de file de nostalgies indigestes, voix sépulcrale surgie de temps poussiéreux : les mobilisations posthumes de Louis de Bonald en inspirateur des droites extrêmes et théoricien des conservatismes radicaux ont contribué à le figer en penseur qui aurait déploré sans fin l’ordre de l’Ancien Régime. Un homme déjà en retard sur son temps et comme à côté de son siècle. Il y a assurément quelque gageure à sortir l’auteur de la Théorie du pouvoir politique et religieux (1796), héraut de l’Église dont le nom est resté attaché à une loi sur l’abolition du divorce (1816), de cette lecture par trop univoque pour interroger sa paradoxale modernité. C’est ainsi qu’on découvre un enfant des Lumières – un moment mousquetaire – pleinement engagé dans le bouillonnement post-révolutionnaire, maire de Millau avant et après 1789 puis exilé volontaire. Un publiciste inlassable, plus tard reconnu comme un précurseur de la sociologie, un académicien et un député écouté : une figure intellectuelle majeure du premier XIXe siècle. Nourri d’archives et d’inédits, de textes et de discours oubliés, ce portrait aussi novateur qu’alerte replace les prises de positions de Bonald au contact des événements. Restituant son regard acéré sur son époque, ses espoirs comme ses déceptions, il met en lumière le projet philosophique et politique qui l’a guidé tout au long d’une route accidentée : non pas celui d’une restauration d’un passé idéalisé, mais celui d’une régénération politique et sociale qui demeure à venir.
Chercheur à l’École pratique des hautes études et chercheur associé au Centre d’histoire du XIXe siècle, Flavien Bertran de Balanda a obtenu pour ce travail la médaille de la Fondation Napoléon [note de napoleon.org l’auteur a été boursier de la Fondation Napoléon en 2010] et le prix de thèse de la Maison Auguste Comte.
Sommaire
•Préface
•Introduction
PREMIÈRE PARTIE – Un homme au carrefour de l’histoire
•Chapitre 1 – Les jeunes années (1754-1789). Millau, Paris, Versailles, Millau
•Chapitre 2 – De la réunion des cœurs à la rupture. Millau à l’heure de la Révolution (1789-1791)
•Chapitre 3 – Théoriser le pouvoir. Les années d’émigration ou la naissance d’une métaphysique sociale
•Chapitre 4 – Théoriser le pouvoir (suite). De la constitution à la civilisation
•Chapitre 5 – L’avenir réparera-t-il le passé ? Du Directoire aux débuts de l’Empire 1796-1806
•Chapitre 6 – Ultimes face-à-face avec la monarchie impériale 1807-1815
DEUXIÈME PARTIE – La temps de l’action (1814-1830)
•Chapitre 7 – Bonald au temps de la Restauration : un homme très politique
•Chapitre 8 – Regénérer la société : sauver les âmes
•Chapitre 9 – Régénérer la société (suite) : réédifier les esprits
•Chapitre 10 – Restaurer les fondements de l’ordre social
•Chapitre 11 – Repenser la monarchie
•Chapitre 12 – Moraliser le politique
TROISIÈME PARTIE – La question de la modernité dans une France bourgeoise (1830-1840)
•Chapitre 13 – Une révolution, encore
•Chapitre 14 – Une « fiction de royauté » Bonald et le régime de Juillet
•Chapitre 15 -Bonald et l’âge industriel. Modernité sociale et économique
•Chapitre 16 – Permanences et mutations de la pensée bonaldienne. De la chrétienté comme « monarchie des intelligences »
•Chapitre 17 – Redéfinir la souveraineté. Légitimité et légitimisme
•Conclusion – Intempestivité de Bonald