Mémoires de Talleyrand. L’époque napoléonienne

Auteur(s) : TULARD Jean
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« Voici les Mémoires les plus attendus, les plus lus et les plus contestés sur le règne de Napoléon ». En une phrase de sa présentation de la nouvelle édition des Mémoires de Talleyrand, Jean Tulard a tout dit.
Attendus et lus, rien qui surprenne de la part de l’homme le plus connu de la période (avec Fouché, peut-être, d’où le succès de la pièce Le Souper de Jean-Claude Brisville). Mais la carrière de Talleyrand se prolongea bien après 1815 d’où la supériorité, par longévité au moins, du « vice » sur le « crime » pour reprendre l’anathème de Chateaubriand.
Les Mémoires de Talleyrand ont eu une histoire éditoriale compliquée à l’image de leur auteur. Vol d’un premier manuscrit par un secrétaire infidèle en 1827, faux Mémoires écrits par le « teinturier » Lamothe-Langon en 1838, publication en 1891 par le duc de Broglie à partir d’un texte préparé par le diplomate Adolphe de Bacourt avant sa mort en 1865, enfin une excellente édition critique publiée par Paul-Louis et Jean-Paul Couchoud en 1957.
Comme le fait justement remarquer Jean Tulard, la vraie question est moins de l’authenticité du texte, tantôt écrit, tantôt dicté, et remanié, composé sans ordre chronologique en chapitres séparés, que du contenu proprement dit. On attendait des révélations, ce sont surtout des justifications car Talleyrand, quand il écrit, est encore aux affaires, soucieux de contrer les attaques sur des épisodes discutables de son lourd passé.

Mémoires de Talleyrand. L’époque napoléonienne
© Imprimerie nationale 1996

Qui peut se vanter d’avoir lu ces Mémoires en entier? Dans beaucoup de cas, les extraits, « morceaux choisis » comme on disait jadis, sont à rejeter parce que déformants ou simplement sans nécessité (on me permettra de citer l’exemple que je connais bien des Souvenirs du commandant Parquin, littéralement « massacrés » par Frédéric Masson, entre autres). Mais en l’occurrence, Jean Tulard rend aux napoléoniens un fier service en ne retenant que les passages relatifs aux rapports de Talleyrand avec Napoléon, de 1797 à septembre 1815 quand Talleyrand démissionne du gouvernement qu’il dirigeait. Affaire du duc d’Enghien, affaires d’Espagne, conflit avec le pape, les deux Restaurations, on est au coeur de la diplomatie impériale et de ses conséquences.
En suivant pour les parties retenues le texte du duc de Broglie avec les modifications de l’édition Couchoud, Jean Tulard donne une édition réduite, mais à l’essentiel, commode, sûre, avec notes, bibliographie et un précieux index.
L’Imprimerie Nationale présente cette édition dans une parfaite typographie, élégante et agréable à lire, dans la grande tradition classique qu’elle est un des rares éditeurs à oser et pouvoir maintenir.
« La postérité portera un jugement plus libre et plus indépendant que les contemporains sur ceux qui, placés comme moi sur le grand théâtre du monde, à une des époques les plus extraordinaires de l’histoire, ont droit pour cela même d’être jugés avec plus d’impartialité et plus d’équité ».
Impartialité, équité, ces termes peuvent faire sourire s’agissant de Talleyrand. Mais pour peu qu’on veuille y tendre, cette édition de ses Mémoires par Jean Tulard présente les meilleures garanties pour aider à y parvenir.

À signaler dans cette collection, sur la période : Grands écrits politiques de Chateaubriand présenté par Jean-Paul Clément.
Voir la bibliographie générale commentée de Philip G. Dwyer, « Les publications sur Talleyrand depuis 1928« 

Année de publication :
1996
Lieu et maison d'édition :
Paris, Imprimerie Nationale, coll. "Acteurs de l'Histoire" dirigée par Georges Duby
Nombre de pages :
410 p.
Pour commander :
sur les sites web de vente de livres d'occasion
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