Présentation par l’éditeur
L’image traditionnelle que l’on se fait de l’autorité préfectorale au XIXe siècle est celle d’une autorité martiale exercée par un haut fonctionnaire doté d’immenses pouvoirs. En réalité, construire une autorité considérée comme légitime par les Français, en premier lieu par les élites départementales, a nécessité un travail institutionnel et individuel permanent. Dans ce siècle de révolutions, préfets et sous-préfets se sont situés aux avant-postes de la conquête morale du territoire afin d’enraciner le régime qu’ils servaient et, au-delà, de faire accepter l’État aux populations. Il s’agissait pour eux de « gagner les sympathies » et de pratiquer « l’art de plaire » pour imposer leur autorité et celle du gouvernement.
A rebours des clichés sur les préfets « pachas » du XIXe siècle, ce livre entend analyser ce travail de représentation et de séduction pour la conquête, négligé par l’historiographie. Il restitue la construction de ce charisme de fonction à partir de terrains originaux, notamment le corps physique du préfet, vecteur d’une incarnation de l’État, ou encore le bal de la préfecture, véritable outil de gouvernement.
L’auteur : Ancien élève de l’ENS-Ulm et membre honoraire de l’IUF, Pierre Karila-Cohen est professeur d’histoire contemporaine à l’université Rennes-2. Il publie en 2008 L’État des esprits. L’invention de l’enquête politique en France (1814-1848). Il collabore régulièrement au Monde des livres.