Présentation
L’exposition Musique et République, de la Révolution au Front populaire — organisée de mars à juillet 2025, par les Archives nationales avec le concours du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris — souhaite mettre en lumière les liens entre la musique et la construction de la République.
De la Révolution, qui organise de nouvelles institutions et utilise la musique pour fonder un sentiment patriotique, au Front populaire de 1936, qui fait le pari de l’émancipation sociale du citoyen par l’accès aux loisirs et à la culture, la formation et la pratique musicale permettent à la fois le partage d’un patrimoine sonore commun et l’expression personnelle, parfois subversive.
Les Archives nationales retracent l’histoire de cette rencontre entre le citoyen et la musique. Des partitions inédites retrouvées dans les fonds des Archives nationales, des instruments de musique étonnants ou oubliés, des correspondances politiques, des commandes passées à des compositeurs prestigieux et de nombreux autres documents, racontent une histoire mouvementée : celle d’un siècle et demi de production, d’éducation et de pratique musicales, envisagées en regard de l’idée républicaine.
Sommaire
Avant-propos
Repères chronologiques
Sous la Révolution. Fonder un sentiment patriotique
Quand les voix se sont tues, les archives chantent encore. La chanson révolutionnaire à travers les fonds des Archives nationales et la Bibliothèque nationale de France. Par Charles-Éloi Vial.
Permanences et mutations de la musique républicaine sous l’Empire. Par Peter Hicks. (Voir le résumé ci-dessous)
Ah ! Ça ira ! Espaces et projets pour la célébration des nouveaux cultes républicains dans le Paris révolutionnaire. Par Adrián Almoguera.
Encourager la pratique. Former des citoyens musiciens
Le Conservatoire de Paris : une institution républicaine ? Par Rémy Campos.
Diffuser l’enseignement de la musique : des succursales du Conservatoire aux école de la République. Par Émeline Rotolo.
Vivre en musique au XIXe siècle. Par Marie Ranquet.
Défendre des idées
La musique au service de la patrie durant la Grande Guerre. Par Sophie Lévy.
Musique et mémoire républicaine. Les commandes d’État sous la IIIe République. Myriam Chimènes.
Musique et Front populaire. Par Mathias Auclair.
Résumé de l’article « Permanences et mutations de la musique républicaine sous l’Empire », par Peter Hicks
Dans cet ouvrage, retrouvez une étude de Peter Hicks, responsable des affaires internationales de la Fondation Napoléon.
Il examine les carrières de musiciens influencés par les bouleversements politiques, illustrant comment la musique a évolué tout en restant un témoin essentiel des changements sociopolitiques de l’époque. Peter Hicks analyse l’évolution de la musique en France pendant et après la Révolution française, en se concentrant sur les carrières de trois musiciens et compositeurs : Pierre Jacques Caussé, Bernard Viguerie, et Jacques Marie Beauvarlet-Charpentier. Après la chute de Robespierre en 1794, la musique connaît des transformations significatives, influencées par les changements politiques, notamment l’instauration du Consulat et de l’Empire sous Napoléon Bonaparte
Caussé, qui commence sa carrière comme organiste dans les années 1780, s’adapte aux bouleversements politiques en composant des œuvres patriotiques et religieuses, trouvant sa place sous le Consulat grâce à sa capacité à naviguer les changements culturels et politiques. Viguerie, quant à lui, se distingue comme éditeur de musique à Paris, publiant des méthodes de forte-piano et des pièces populaires inspirées des événements militaires de l’époque. Beauvarlet-Charpentier se démarque par sa capacité à changer d’allégeance politique et à composer des œuvres en fonction du régime en place, de Napoléon à Louis XVIII.
L’article de Peter Hicks démontre que ces musiciens ont non seulement survécu aux tumultes de l’époque mais ont aussi prospéré en adaptant leurs compositions aux goûts et aux besoins du public de l’époque. Malgré l’évolution du contexte politique, la musique, sous diverses formes, a continué à jouer un rôle central dans la culture française.
Claudia Bonnafoux, web-éditrice (mai 2025)