Et si la véritable personnalité de Napoléon Bonaparte nous était, pour l’essentiel, inconnue ? Voilà la question centrale qui sous-tend cet ouvrage. En effet, Jean-Dominique Poli s’est lancé comme défi de mener à bien l’entreprise complexe qui consiste à mettre en lumière les liens à la fois profonds, indissolubles mais relativement obscurs et souvent négligés qui existent entre ce personnage mythique et son île natale, la Corse.
Que signifiait réellement Napoléon lorsqu’il disait « j’ai été ingrat avec les Corses, je me le reproche » ? Qu’a-t-il fait, ou que n’a-t-il pas fait, qu’il pourrait se reprocher ? C’est cette relation riche, dense, intense, mais également complexe, que cet ouvrage met au premier plan. Autre atout de taille, ce livre remet en lumière l’Histoire politique de la Corse, qui ne commence pas et ne se réduit pas à l’empereur. En effet, réintégrer la Corse dans l’histoire napoléonienne, c’est réanimer l’histoire de l’île et briser les carcans invisibles de toute réactivation de l’esprit corse qui a animé Napoléon.
Jean-Dominique Poli nous livre ici une démonstration scientifique, qui laisse à penser que l’âme et la culture singulière de la Corse ont façonné la pensée de Napoléon.
Camille Crunchant, Doctorante en Histoire & Responsable d’édition scientifique à la Fondation Napoléon (octobre 2023)
Les images dominantes de Napoléon, celles du froid arriviste devenu un sanguinaire conquérant compulsif et un despote mégalomane, se mêlent inextricablement à ses erreurs et à ses fautes. Le récit ainsi formé, prévalant par sa répétition, n’annihile-t-il pas la réalité complexe de ce que fut vraiment Napoléon ?
Il reste dans l’ombre de l’histoire dominante un Napoléon inconnu. S’appuyant sur des œuvres et des témoignages contemporains souvent inédits, cet essai réhabilite la filiation enfouie reliant Napoléon à la révolution de Corse (1729-1769), et il aide à la compréhension de son projet civilisationnel renouvelant l’Antiquité républicaine.
Napoléon n’est pas « sorti de nulle part ». De « l’île sainte » (Hölderlin) à l’Empire, de Paoli et 1789 aux Cent-Jours, puis au printemps des peuples, l’auteur décrit un continuum souvent sous-estimé dans l’action politique de Napoléon.
Cette approche éclaire le soubassement des imaginaires napoléoniens qui, de par leur nature d’« énigme profonde et presque impossible à expliquer » (Charles-André Pozzo di Borgo), continuent à pousser aux réflexions inconfortables et à révéler les répulsions, les frustrations, et les aspirations de notre présent.
