Présentation de l’éditeur
Au XIXe siècle, Paris avait encore des aspects bucoliques. Jusqu’au milieu du siècle, des maraîchers cultivaient dans l’enceinte de la capitale et la ville était cernée par deux « arrondissements ruraux », celui de Saint-Denis au nord, et de Sceaux au sud. Hors les murs, c’était la campagne, en relation constante avec le marché parisien, hautement valorisant et intensément fréquenté. On produisait de tout autour de Paris : des fruits et légumes de toutes sortes, des plus simples (les légumes pour la soupe de la Plaine des Vertus), aux asperges les plus fines, même en plein hiver, fraises délicates et pêches renommées (la pêche de Montreuil). Cette abondance faisait penser à un « jardin d’Eden ». Mais la base de culture était céréalière car la capitale ne devait jamais manquer de pain afin d’éviter les disettes et prévenir les émeutes qui avaient tant marqué les temps révolutionnaires. Les gouvernements successifs étaient donc très soucieux de faire une politique économique qui assure l’approvisionnement de Paris dans les meilleures conditions, celle de « l’échelle mobile », entre protectionnisme et libéralisme. Les cultivateurs de la Seine étaient très majoritairement de petits propriétaires-récoltants. Avec des trésors de savoir-faire et une main d’œuvre industrieuse, ils tiraient de quelques arpents de quoi garnir les tables des Parisiens de toutes les conditions sociales. Ils ont su résister longtemps à la pression foncière et à l’appel de l’industrie. Cette symbiose ville-campagne peut apparaître comme un modèle de gestion raisonnée de l’environnement, à l’heure où se pose la question des circuits courts de distribution et où les jardins urbains renaissent de façon à remettre le producteur tout près du consommateur.
Table des matières
PREMIÈRE PARTIE : UN JARDIN D’EDEN AUX PORTES DE PARIS
Chapitre I ► Le marché du blé
L’offre de produits à la rencontre de la demande parisienne
• Approvisionneurs de la capitale aux XVIIIe-XIXe siècles
• Des trois « couronnes au « rayon » d’approvisionnements de Paris
Marché régulé ou marché libre des grains et farines au XIXe siècle ?
• Entre libre-échange et protectionnisme
• Le libéralisme à l’épreuve des crises frumentaires du début du XIXe siècle
Chapitre II ► Nourrir les hommes, nourrir les bêtes, gagner sa vie
Deux céréales majeures : le blé et l’avoine
• Répondre aux besoins en céréales des honnes et des animaux
• Du grain à la paille : évolution conjoncturelle ou structurelle ?
La Seine, un département original au niveau des rendements et des choix de culture
• L’assolement triennal profite mieux à l’avoine qu’au blé
• Les « laboureurs de légumes » du département de la Sein au XIXe siècle
DEUXIÈME PARTIE : LES HOMMES ET LEURS STRATÉGIES DANS LE DÉPARTEMENT DE LA SEINE
Chapitre I ► Propriété foncière et pouvoir politique sous les monarchies censitaires
Le poids du foncier non-bâti en France
• Propriétés et mutations de biens-fonds : l’héritage de la Révolution
• La Seine, un cas à part dans le système censitaire de l’Empire et des monarchies constitutionnelles
Le « pays légal » sous le régime censitaire dans le département de la Seine
Représentativité électorale et contributions financières
• Le cultivateur dans le corps électoral des départements du rayon de Paris
• Les paysans dans les conseils municipaux du rayon de Paris
Chapitre II ► Résistance et performance de la petite exploitation
La petite exploitation : une agriculture diversifiée, capable de mutations
• L’arrondissement de Saint-Denis ou l’éloge de la petite culture
• Le canton de Villejuif, dans l’arrondissement de Sceaux : entre terres et serres
• Une agriculture stimulée par la concurrence
Modernisation et organisation : le monde paysan en devenir à la fin du XIXe siècle
• Les facteurs techniques de la production dans le département de la Seine
• L’agriculture, une activité encore peuplante malgré les débuts de la mécanisation
Christiane Cheneaux-Berthelot est docteur de Sorbonne Université et chercheur associé au Centre Roland Mousnier. Ses travaux portent sur l’histoire rurale, notamment sur les échanges économiques, sociaux et culturels entre monde rural et monde urbain.
► Écoutez l’autrice présenter son ouvrage et son travail de recherche.