Penser et écrire la guerre contre Clausewitz, 1780-1837

Auteur(s) : DRÉVILLON Hervé
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Théoriser la guerre pour mieux en comprendre les ressorts et ses articulations avec la politique mais surtout la préparer et la mettre en œuvre, tel fut le but des penseurs militaires des XVIIIe et XIXe siècles. De tous ces érudits le plus connu est le prussien Carl von Clausewitz. Depuis la parution de son De la Guerre entre 1832 et 1837, il règne en maître sur la pensée militaire internationale. Clausewitz ne fut cependant pas le seul a avoir penser la guerre comme l’analyse avec érudition le dernier ouvrage d’Hervé Drévillon : Penser et écrire la guerre (Passés Composés, 2021).
C’est à partir de l’Essai général de tactique de Jacques Antoine Hyppolite de Guibert que les militaires prirent pied dans la champ littéraire. Cet ouvrage connu un succès retentissant en Europe et influença la politique militaire de la France comme jamais avant lui. Le penseur en obtint une grande notoriété, accéda à la gloire littéraire et sa carrière en fut accélérée d’autant. Ce succès permit aux militaires de se saisir de cet instrument d’influence que jusqu’à cette date ils avaient délaissé au profit de leur carrière et de leurs faits d’arme. À la suite de Guibert, les publications furent nombreuses jusqu’à la Révolution pour tenter d’approcher l’infini complexité du fait guerrier. Passé Waterloo, le retour sur expérience du conflit qui embrasa l’Europe de 1792 à 1815 fut l’occasion d’un nouvel essor des publications et parfois des débats qui avait eu court 40 ans plus tôt.

C’est dans un essai intelligent et fouillé qu’Hervé Drévillon analyse ce mouvement de publication qui parcouru les XVIIIe et XIXe siècles. Son travail explore en profondeur les différentes manières d’analyser le fait guerrier pour en tirer leçons et théories. Il remet sur le devant de la scène des auteurs prédécesseurs ou contemporains de Clausewitz qui théorisèrent la guerre et servir parfois de terreau au maître à penser prussien. Drévillon le replace ainsi dans son époque et montre qu’il fut loin de faire l’unanimité. Jomini pu ainsi dire que le prussien « théorisait à coup de marteau » et n’étayait pas assez ses maximes. Comme lui les penseurs qui regardaient le fait guerrier au travers de la réalité notamment des guerres napoléonienne, à l’image du général Pelet, furent très critiques de l’œuvre parfois trop théorique du prussien. L’étude d’Hervé Drévillon explore également ce qui fait un des cœurs de l’ouvrage de Clausewitz, et de sa postérité, le lien de la politique et la guerre. Lieu commun au XIXe siècle que sa maxime la plus célèbre (La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens) souligne l’historien qui insiste sur la « conception idéaliste de la guerre » du prussien et sur sa méconnaissance du fait politique. Après avoir étudié l’Individu et la guerre (Belin, 2013) ou la place de l’armée dans la Nation (Histoire militaire de France, Perrin, 2018), Drévillon livre une étude passionnante qui explore les arcanes de la théorie militaire et remet en cause bien des évidences ou des concepts parfois trop facilement employés. (François Houdecek, historien militaire, chargé des projets spéciaux à la Fondation Napoléon)

Penser et écrire la guerre contre Clausewitz, 1780-1837
© Passés/Composés 2021

Présentation par l’éditeur

Faire l’histoire de la pensée de la guerre de 1780, date de la naissance de Clausewitz, à 1837, année de publication du dernier volume de ses œuvres complètes par sa veuve, tel est le pari d’Hervé Drévillon dans ce livre remarquable d’intelligence et d’originalité. Car au-delà du parcours du plus célèbre théoricien de la guerre, la période 1780-1837 se caractérise par l’émergence de la théorie militaire comme un véritable champ littéraire.
Considéré, à cette époque, comme l’auteur de référence de ce domaine, Antoine de Jomini attaqua la théorie de Clausewitz et sa mise en œuvre qui s’appuyait sur une « plume facile » mais « parfois un peu vagabonde » et « surtout trop prétentieuse ». L’inconstance de la plume de Clausewitz reposa sur sa conscience aiguë des problématiques de la théorie militaire. Il est donc utile de s’appuyer dessus pour étudier la construction de la pensée militaire par de nombreux auteurs qui pensèrent et écrivirent la guerre. Contrairement à la vision idéaliste de Clausewitz, la plupart se référèrent à la réalité des conflits armés pour tenter d’offrir des principes répondant à des questions essentielles : que faire en guerre et quel est le lien entre guerre et politique ?

Année de publication :
2021
Lieu et maison d'édition :
Paris, Passés/Composés
Nombre de pages :
352 p.
Pour commander :
grâce à notre partenaire la Librairie Fontaine Haussmann et aux sites Librairies indépendantes, ParisLibrairies.fr et  PlaceDesLibraires.fr.
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