Présentation par l’éditeur
La Russie d’hier, d’aujourd’hui et de toujours racontée à travers sa ville emblématique.
Peu de villes ont autant souffert que Smolensk, incendiée lors de sa conquête par les troupes napoléoniennes, martyrisée par les nazis. Le nom de cette « Ville héros », l’une des plus vieilles cités de Russie qui commande la route des grandes invasions venues de l’Ouest, résonne sans cesse dans l’histoire du pays. Stendhal y écrivit ses plus belles pages sur la « déplorable catastrophe » que fut l’invasion de la Russie par la Grande Armée. Patrie de Mikhaïl Glinka et de Youri Gagarine, Smolensk fut également l’un des laboratoires du bolchevisme et de la répression stalinienne. Les victimes de ses tueries de masse sont ensevelies à quelques kilomètres, dans la forêt de Katyń où les bourreaux du NKVD, la police politique soviétique, massacrèrent 4 400 officiers polonais au printemps 1940. Soixante-dix ans plus tard, en 2010, l’avion présidentiel polonais avec la délégation venue leur rendre hommage se crashait non loin de son aéroport là où, en 1943, Hitler aurait dû mourir si la bombe placée dans son avion avait explosé. Toujours immortelle derrière sa ceinture de remparts, parsemée des clochers baroques de ses nombreuses églises, Smolensk illustre aussi l’obsession des Russes pour la « Grande Guerre patriotique », portée à son paroxysme par Vladimir Poutine. Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et de ses 27 millions de morts est devenu la matrice de celle qu’il a déclenchée en Ukraine. Conjuguant avec maestria récit historique et grand reportage, passé et présent, François Malye entraîne le lecteur par ce texte enlevé, nerveux, riche en anecdotes qui croise l’héritage des grands mémorialistes du Premier Empire avec un récit personnel qui n’est pas sans évoquer la prose de Jean-Paul Kauffmann.